faible taux cancer

Un faible taux de cancer à Caraquet, sauf pour le pancréas

Caraquet peut ajouter un nouvel argument de poids au fait qu'il fait bon vivre dans la capitale de l'Acadie. Elle présente un taux de cancer parmi les moins élevés des 14 collectivités de la province récemment étudiées par le Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick.

Cette enquête, publiée en novembre 2009, a été menée par les chercheures Inka Milewski et Lily Liu. Elles ont analysé pendant deux ans les données de 14 collectivités, recueillies entre 1989 et 2005, au sujet de 14 types de cancers primaires malins ou évasifs.

Au niveau des hommes, Caraquet occupe le 13e rang au classement général, alors que chez les femmes, elle se situe en 11e position.

Autant chez les hommes que chez les femmes, la région vient en 14e et dernière position pour le cancer du poumon, avec des taux respectifs par 100 000 habitants de 75,9 et 33,5, soit bien en deçà de la moyenne provinciale de 97,2 et 52,6 dans l'ordre.

Les hommes de Caraquet arrivent en avant-dernière place pour le cancer de la prostate et de la vessie et au 12e échelon pour celui colorectal. Les données sont un peu moins bonnes pour le lymphome non hodgkinien (9e) et pour le cancer du rein (8e).

Les femmes présentent des taux faibles pour le cancer colorectal (12e) et du sein (12e), mais se situent en quatrième position pour le lymphome non hodgkinien.

Le portrait global est cependant incomplet, car plusieurs statistiques sur certains cancers n'étaient pas disponibles au moment de cette recherche.

L'étude démontre également que les citoyens de Caraquet ne sont pas exposés à des matières potentiellement cancérigènes que sont l'arsenic, le benzène, le cadmium, le formaldéhyde, le plomb, le nickel, les pesticides chimiques, le radon et la poussière de bois.

Cancer du pancréas

Seule note discordante dans ces statistiques, les gens de Caraquet souffrent plus souvent du cancer du pancréas que les autres régions sondées. Du côté des hommes, ils viennent au premier rang, avec un taux de 24,4 cas par 100 000 habitants, soit plus du double de la moyenne dans la province. Chez les femmes, on a relevé 18 cas par 100 000 habitants, ce qui met la communauté au troisième rang.

Les facteurs de risque de ce type de cancer sont le tabagisme et l'obésité, l'exposition à des industries associées au traitement du nickel et à la production de batteries, tout comme la fabrication d'ordinateurs, les usines de nourriture ainsi que le travail électrique.

«Nous notons un taux élevé de cancer du pancréas dans Caraquet mais nous ne pouvons pas expliquer pourquoi, soutient Mme Milewski. Est-ce une combinaison de facteurs? Si c'était une question de tabagisme, les taux pour le cancer du poumon et de la vessie seraient également élevés, alors que ce n'est pas le cas. C'est peut-être en raison de la nourriture fumée et hautement salée. Mais ce ne sont que des suppositions. Il faudrait davantage de recherches afin d'en déterminer exactement les raisons.»

La porte-parole du Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick affirme également qu'il serait une erreur de prendre les données de Caraquet et de les extrapoler aux autres municipalités de la Péninsule acadienne.

«Peut-être trouverions-nous des résultats semblables à Lamèque, Shippagan ou Tracadie-Sheila, mais nous n'avons pas les données pour le vérifier. Ces villes abritent différents types d'industries que Caraquet, par exemple. Ça influence les statistiques», précise la chercheure.

Autres régions

En général, cette recherche constate que les collectivités qui montrent des taux élevés de cancer, comme Dalhousie, Minto, Saint-Jean et Belledune, semblent avoir davantage d'activités industrielles ou de potentiels importants de contamination environnementale.

Les autres régions analysées ont été la base militaire de Gagetown, Bathurst, Drummond-Danmark dans le Nord-Ouest, Edmundston, Fredericton, Harvey (à l'ouest de Fredericton), Miramichi, Minto, Moncton et Haute-Miramichi.

Dalhousie et Minto occupent les positions de tête qu'ils s'interchangent selon le sexe. Dalhousie vient notamment en tête chez les hommes au niveau du taux d'incidence du cancer du poumon, de la prostate, colorectal et de la vessie. À Minto, les femmes souffrent davantage du cancer du poumon, du sein et colorectal qu'ailleurs en province.

Au Nouveau-Brunswick, quelque 4600 nouveaux cas de cancer seront diagnostiqués cette année et près de 2000 personnes en mourront, selon les estimations de la Société canadienne du cancer.

Chez les hommes, le cancer de la prostate sera le plus fréquemment diagnostiqué cette année (690 cas et 140 décès), devant le poumon (420 cas 370 décès) et le cancer colorectal (310 cas et 120 décès). Pour les femmes, le cancer du sein va faire des ravages chez 560 d'entre elles (130 décès), alors que 310 recevront un diagnostic pour le poumon (220 décès) et 240 pour le colorectal (100 décès).

«N'oublions pas que de 90 à 95 % des cancers peuvent être prévenus en adoptant de bonnes habitudes de vie. Très peu de cas sont liés à la génétique. D'où l'importance pour la province d'investir dans la prévention et dans la quête de statistiques dans les communautés», indique Inka Milewski.

Tableau

Taux de cancer par 100 000 habitants à Caraquet

Type Homme N.-B. Femme N.-B.

• Poumon 75,9 97,2 33,5 52,6
• Colorectal 51,5 62,5 56,7 56,2
• Sein -- -- 108,2 115,5
• Ovaires -- -- n. d. 13,5
• Glandes tyroïdes n. d. 2,5 n. d. 8,4
• Prostate 119,2 133,5 -- --
• Vessie 27,1 33,1 n. d. 10,9
• Reins 19,0 17,2 n. d. 11,8
• Pancréas 24,4 12,0 18,0 11,6
• Non hodgkinien 14,0 20,2 23,2 17,6
• Hodgkinien n. d. 2,7 n. d. 2,1
• Leucémie n. d. 13,8 n. d. 6,1
• Cerveau n. d. 8,0 n. d. 6,0
• Os n. d. 0,9 n. d. n. d.
• n. d. = non disponible

Source : « Le cancer dans les collectivités du Nouveau-Brunswick : enquête sur la relation entre le cancer et l'environnement », Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick, novembre 2009