La médecine nucléaire peut causer des problèmes aux patients qui voyagent en avion, selon une récente étude du British Medical Journal. Les traitements et les diagnostics utilisant des molécules radioactives peuvent faire sonner les alarmes des aéroports.
Dans la revue savante britannique, des radiologues d'un hôpital de Birmingham décrivent le cas d'un patient qui a été arrêté et fouillé à nu, à l'aéroport d'Orlando, alors qu'il s'en allait passer ses vacances en Floride. Les détecteurs de radioactivité avaient détecté l'iode 131 qui avait été utilisé, six semaines auparavant, dans un traitement contre son hyperthyroïdie. Heureusement, le patient avait avec lui la carte de recommandations de l'hôpital, et a pu convaincre les agents de sécurité de l'aéroport américain qu'il ne transportait pas de bombe. Cette carte mentionnait notamment qu'il faut éviter les transports en commun pendant les deux semaines suivant le traitement à l'iode 131, pour ne pas contaminer les autres passagers.
L'étude recense quatre autres cas similaires, dont un à la Maison-Blanche et un autre dans une banque. Dans ce dernier cas, le patient a déclenché le détecteur situé dans le caveau de la banque à plusieurs reprises pendant 10 jours, parce qu'il devait faire plusieurs opérations à son coffret de sûreté.
Selon les radiologues britanniques, les détecteurs de radioactivité des aéroports sont de plus en plus sensibles, à cause de la menace terroriste. En éditorial, la revue suggère que les radiologues préviennent tous leurs patients de la possibilité de déclencher des détecteurs de radioactivité.
À l'Institut de cardiologie de Montréal, François Harel, spécialiste en médecine nucléaire, confirme que le risque existe. «Oui, on a eu des cas de patients qui ont fait sonner les alarmes des aéroports, dit le Dr Harel. Mais c'est très rare. Nous ne pouvons pas nous permettre de demander à tous les patients s'ils prévoient prendre l'avion dans les prochains jours. Mais si le patient nous confie qu'il était pressé d'avoir son test parce qu'il part sous peu en voyage, nous allons l'informer du problème.»
Les autorités aéroportuaires sont au courant de cet effet de la médecine nucléaire, et acceptent habituellement de laisser les passagers prendre leur avion s'ils ont une preuve qu'ils ont subi un traitement ou un test, selon le Dr Harel. «Il suffit de garder une copie de la prescription de l'examen. Dans les cas où le patient nous dit qu'il va prendre l'avion, nous lui faisons une photocopie.»
Les indicateurs radioactifs les plus utilisés disparaissent dans la journée, selon le Dr Harel. Le technicium, l'un des éléments les plus utilisés, n'a qu'une demi-vie de six heures (c'est-à-dire qu'il perd la moitié de sa radioactivité en six heures). À moins de prendre l'avion le jour même ou le lendemain, la personne n'aura pas de problèmes. Rares sont les traces qui subsistent plus d'une semaine, notamment parce que les indicateurs radioactifs se retrouvent rapidement dans l'urine, où ils sont évacués, explique le Dr Harel. L'iode 131, le même élément que celui du cas du British Medical Journal, pose cependant problème, selon lui : «Avec l'iode 131, on va prévenir les patients à propos des aéroports.»
La médecine nucléaire sert beaucoup, particulièrement en matière de diagnostic. Des dizaines de milliers de Canadiens y ont recours. Seulement pour le traitement de l'hyperthyroïdie, environ 5000 patients reçoivent de l'iode 131 chaque année au pays. Cet élément peut activer les détecteurs des aéroports pendant près de trois mois, selon le British Medical Journal.
Mathieu Perreault - http://www.cyberpresse.ca