Mardi 23 mars 2010
La Chip : une nouvelle arme contre les cancers digestifs
Une nouvelle technique chirurgicale (la Chip) est pratiquée au CHU pour traiter certains cancers colorectaux. La 3e intervention de ce type vient d'avoir lieu. L’intervention chirurgicale par Chip dure plusieurs heures, de 5 à 12 h, parfois. Il y a quelques jours, l’équipe dirigée par le professeur Carretier pratiquait sa troisième intervention.
En entrant au bloc, mercredi matin, le professeur Michel Carretier, chef de service de chirurgie viscérale au CHU ignorait le temps qu'il y resterait avec son équipe. Quelques heures ou quasiment la journée ?
La réponse, il ne l'a connue qu'après avoir effectué, sur une patiente atteinte d'un cancer du côlon avec une carcinose péritonéale, la première phase d'un traitement chirurgical nouvellement pratiqué au centre hospitalier régional.
Il s'agit d'une Chimiothérapie Hyperthermique Intra-Péritonéale ou Chip. Cette technique a été inventée par un chirurgien américain, le professeur Paul Sugarbaker, il y a une vingtaine d'années. Elle est appliquée dans l'Hexagone depuis environ trois ans dans une quinzaine d'établissements. Le CHU est le seul dans la région à la pratiquer et ce depuis un an.
“ Une technique qui ne s'applique pas à tous les cancers digestifs ”
Cette intervention chirurgicale est exclusivement pratiquée en établissement spécialisé dans le traitement des cancers. « Elle consiste, explique le chef de service, dans un premier temps à une exploration, puis à l'ablation de toutes les tumeurs visibles dans l'abdomen du patient. Cette phase de l'intervention peut durer de 6 à 12 h. Nous remplissons ensuite la cavité abdominale d'un liquide qui va circuler durant une demi-heure à une heure, via une pompe. Ce liquide contient une très forte concentration de chimiothérapie. Elle est vingt fois supérieure à un traitement classique par voie intraveineuse. Cette chimiothérapie administrée directement est chauffée à 42°, très précisément. La chaleur permet une meilleure pénétration dans les cellules donc une destruction des résidus microscopiques des tumeurs et une meilleure efficacité, sans toxicité pour le patient. »
Une réponse pour 40 % des patients Lorsqu'il évoque la Chip, le professeur Carretier précise qu'il s'agit d'une chirurgie de recours. Elle ne s'applique pas à tous les cancers digestifs en raison, même de leur évolution. « Il y a les métastases ganglionnaires que l'on traite par chimiothérapie, les métastases pulmonaires et hépatiques par chirurgie et/ou chimiothérapie et les carcinoses péritonéales. » Jusqu'en 2006, le traitement de ces cancers consistait à administrer aux patients une chimiothérapie par voie intraveineuse ralentissant l'évolution de la maladie sans la stopper. L'espérance de vie des patients n'excédait pas 18 mois. Aujourd'hui, pour environ 40 % d'entre eux, elle est supérieure à cinq ans, grâce à la Chip.
lanouvellerepublique Sylvaine Hausseguy - http://www.lanouvellerepublique.fr
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