Le Canceropôle Paca voit loin
Jean-Paul Borg, coordinateur du Canceropôle Paca.
Les 5e journées annuelles du Canceropôle Paca sont organisées les 25 et 26 février, à l'hôtel de Région. Peu connus du grand public, les Canceropôles ont été créés en 2003 pour mieux structurer et animer des équipes scientifiques et médicales régionales en cancérologie.
Une recherche française sur le cancer à l'époque certes en pointe au niveau mondiale mais qui souffrait d'une dispersion des efforts et d'une multiplicité d'acteurs, hôpitaux, centres de lutte contre le cancer, universités, centres de recherche qui peuvent aujourd'hui davantage travailler de concert.
En Provence, le Canceropôle Paca réunit ainsi 1000 chercheurs, 160 équipes, 30 plateformes techniques, 11 entreprises de biotechnologie.
La collaboration s'organise autour de certaines pathologies pour lesquelles des équipes sont engagées depuis des années comme le cancer du sein à l'Institut Paoli-Calmettes, les tumeurs du cerveau à l'hôpital de la Timone à Marseille ou les cancers ORL à Nice.
C'est sous l'impulsion du premier plan gouvernemental Cancer 1 que les Canceropôles ont vu le jour en coordination avec l'Institut national du cancer (Inca), soutenu par l'Etat, dont ils sont les entités décentralisées. Ils sont financés par l'Inca, des associations caritatives comme la Ligue contre le cancer, l'ARC, et des collectivités locales, en Paca le conseil régional, et aidés par les univesités, dans la région celle de la Méditerranée Aix-Marseille et Nice-Sophia Antipolis à Nice, mais aussi l'Inserm.
Le colloque du Canceropôle Paca sera ouvert par le Pr Dominique Maraninchi, président de l'Institut national du cancer qui reviendra sur les priorités du plan cancer 2009-2013. Seront présentés le bilan et les perspectives de la recherche sur la nanotechnologie, miniaturisation d'un objet, médicament ou imagerie, mais aussi les facteurs de risques environnementaux.
Jean-Paul Borg, professeur à l'université de la Méditerranée, sous-directeur de l'Institut Paoli-Calmettes et coordinateur du Canceropôle Paca présente les enjeux et les avancées de la recherche soutenue par le Canceropôle.
Quelles ont été les avancées de la recherche ces dernières années ?
Jean-Paul Borg : Dans les 15 dernières années, les efforts se sont concentrés sur le décryptage du génome (l'ensemble de l'information héréditaire d'un organisme présente en totalité dans chacune des cellules. Ndlr). On a développé des technologies qui permettent en une journée de savoir à partir d'un prélèvement quel est l'état des gènes d'un patient au sein de sa tumeur.
On peut ensuite essayer d'appliquer cette technologie comme un test diagnostic. Au Canceropole Paca, on a mis pour la première fois en pratique ce concept : faire une biopsie chez les patients, un test sur son génome et adapter le traitement à partir de ce résultat. Ce programme, emblématique, est réalisé en collaboration entre un hôpital, l'institut Paoli-Calmettes, l'Inserm et une société de biotechnologies, Ipsogen, implantée à Marseille.
L'étude est en cours et d'ici à l'an prochain, nous aurons le résultat. C'est en France très innovant.
Quelles sont les pistes suivies par les chercheurs ? J.-P. B. :
Du point de vue thérapeutique, mettre au point un médicament, au laboratoire et chez le patient, puis évaluer son succès se réalise de plus en plus vite. Cela est particulièrement vrai dans le champ du cancer où l'évaluation du risque/bénéfice se fait différemment des autres maladies. Il y a de plus en plus de molécules qui arrivent utilisant les connaissances du génome, de la tumeur.
C'est le concept de thérapies ciblées où à partir d'une anomalie moléculaire présente dans une tumeur, on va adapter la thérapeutique. Mais même si l'on connait l'anomalie moléculaire, on sait bien qu'avec un médicament il y a un taux de succès et un taux d'échec.
Les seuls indices qui nous manquent se trouvent chez le patient d'où le décryptage de son génome pour prédire que le traitement marchera chez lui et pas chez un autre. Cette avancée permettra de dimiminuer les effets secondaires et de baisser des coûts des traitements.
Y a-t-il des inégalités face à la maladie ? J.-P. B. :
On pourrait se dire qu'en France, il n'y a pas d'inégalités car on a la chance d'être au premier plan pour l'accès au soins. Mais les inégalités existent.
Elles ont été notamment relevées dans un rapport dont le gouvernement s'est servi pour élaborer le Plan Cancer.
Ainsi les campagnes de dépistage du cancer qui ont un impact dans certaines catégories de populations et pas dans d'autres (Le dépistage organisé par les autorités sanitaires pour le cancer du sein et le cancer colorectal ne touche que 50% environ de la population concernée. Ndlr).
C'est vrai aussi pour l'alcool et le tabac qui sont des fléaux avérés, considérés aussi comme des facteurs de risques environnementaux.
D'où une inégalité face à la maladie car avec le cancer, plus tôt on est est dépisté, plus on a des chances de guérir.
Dans le canceropôle Paca, on travaille aussi pour comprendre comment amener les gens à se faire dépister.
laprovence