cancer interview david

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Au moins 40 % des cancers sont évitables en changeant nos comportements. Importance du mode de vie dans le déclenchement des cancers.

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Cancer - Interview David Servan-Schreiber - France

Mercredi 10 mars 2010


Interview David Servan-Schreiber

« Au moins 40 % des cancers sont évitables en changeant nos comportements»

Quand j’ai révélé l’importance du mode de vie dans le déclenchement des cancers, le monde médical considérait encore que les cancers dépendaient surtout de l’hérédité et de facteurs inconnus ou incontrôlables, en dehors, bien sûr, du tabac et de l’alcool. Aujourd’hui, il est largement admis qu’au moins 40 % des cancers sont évitables simplement en changeant nos habitudes alimentaires et notre niveau d’activité physique. Rien qu’en France, cela représenterait 108 000 cancers en moins chaque année. Et c’est largement applicable aux maladies cardio-vasculaires, au diabète sucré et à la maladie d’Alzheimer. En approfondissant ce constat, il est possible de se bâtir un programme santé ultraperformant.

Avec cette nouvelle approche, peut-on vraiment prévenir le cancer ?

Il n’y a plus de question sur la prévention des cancers. C’est acquis. Mais cela va plus loin désormais. Un an après la parution de la première édition d’« Anticancer » sont tombés les résultats d’une étude sur des femmes qui avaient eu un cancer du sein. Une partie avait suivi un programme comparable à celui que je propose dans « Anticancer », mêlant nutrition, activité physique et gestion du stress. Onze ans plus tard, ces femmes affichaient 56 % de mortalité de moins que celles qui n’avaient rien changé à leurs habitudes de vie. Ce score est comparable aux meilleurs médicaments qu’on donne pour la prévention des rechutes. La meilleure molécule, l’herceptine, réduit la mortalité de 50 % et n’est efficace que pour 20 % des femmes. Comment expliquer que cette méthode qui semble marcher aussi bien ou peut-être mieux, sans effet secondaire, ne soit pas systématiquement proposée dans les centres anticancer ?

A vous entendre, la médecine moderne serait à côté de la plaque...

La plupart des médecins n’ont pas été formés pour prévenir, mais pour guérir avec des molécules chimiques ou un bistouri. Ils gèrent un désastre qui aurait pu être évité. Ils essaient de trouver « le » facteur responsable auquel va correspondre « le » médicament. Ils considèrent que tout ce qui ne relève pas du médicament n’est pas véritablement de la science. Et beaucoup de patients se disent : si quelque chose d’autre que les médicaments marchait, ça se saurait. Or, ce qu’on oublie de dire, c’est que seuls les traitements qui rapportent de l’argent sont diffusés systématiquement auprès des médecins. Personne n’invite 200 cancérologues à un week-end de golf pour leur vanter les mérites du régime méditerranéen, du jogging ou du yoga, même quand ils ont fait l’objet d’études scientifiques très sérieuses.

Vous croyez plus en Wall Street qu’aux médecins pour faire changer les choses...

Paradoxalement, le mouvement s’amorce aux Etats-Unis dans les bureaux des directeurs financiers des multinationales plus que dans les hôpitaux. Pourquoi ? Parce qu’une entreprise américaine dépense environ 60 % de ses profits après impôts dans les fonds d’assurance-santé de ses salariés. Elle a donc tout intérêt à préserver leur capital santé. Depuis peu, les grands groupes font venir des gens comme moi pour apprendre à leurs salariés à mieux manger, gérer leur stress et faire de l’activité physique. Chaque dollar ainsi investi en rapporte 6. En France, notre système de santé nous permettrait de faire profiter de ce travail de prévention toute la population du jour au lendemain. Il suffirait que l’Assurance-maladie y consacre chaque année 0,5 % de son budget. Soit 1,5 milliard d’euros, l’équivalent de ce que l’on a dépensé pour la grippe A...

Vous avez été l’un des premiers à parler d’une alimentation anticancer. Quelles sont les nouvelles avancées dans ce domaine ?

Plus personne ne remet en question le rôle majeur de l’alimentation dans la santé. Mais il ne suffit pas, comme l’affirme l’agroalimentaire, de manger de tout. Si ce que l’on met dans l’assiette doit être varié et équilibré, certains aliments sont plus protecteurs que d’autres. Comme le curcuma, dont l’effet est équivalent à celui de l’ibuprofène, l’anti-inflammatoire le plus prescrit au monde, ou le thé vert, dont la consommation, à raison de quelques tasses par jour, réduit de moitié le risque de cancer du sein ou de cancer de la prostate. Ou encore le bon équilibre entre oméga 3 et oméga 6 qui protège aussi des maladies cardio-vasculaires. On découvre à présent la notion de « synergie alimentaire ». Ainsi, la tomate et le brocoli, qui combattent le cancer avec des mécanismes différents, augmentent leurs effets lorsqu’on les consomme ensemble. Les bénéfices du régime méditerranéen ne découlent pas de la seule huile d’olive, mais du télescopage des aliments qui composent ce régime : poissons, herbes aromatiques, légumes...

A l’inverse, faut-il mettre à l’index certains aliments ?

Le sucre est un fertilisant pour la croissance des tumeurs. Il provoque un état inflammatoire qui dégrade la plupart des tissus du corps, en particulier le coeur, faisant le lit des maladies cardio-vasculaires. Il stimule la croissance des cellules cancéreuses et joue un rôle important dans le développement du cancer du sein, plus encore que les traitements hormonaux substitutifs ! En augmentant le taux d’insuline dans le sang, il favorise l’épidémie de diabète sucré qui touche aujourd’hui les enfants. Enfin, ­l’excès de sucre est un facteur de risque de la maladie d’Alzheimer. Chaque Français consomme aujourd’hui 37,5 kilos de sucre par an. Les industriels sont arrivés à nous faire consommer cette montagne de sucre en partie grâce aux cannettes de sodas, dont certaines contiennent jusqu’à 12 morceaux ! Il faut apprendre à réduire notre addiction au goût sucré, et on peut aussi essayer d’autres sucrants moins délétères. Comme les fruits, le miel d’acacia, le sirop d’agave ou le sucre de coco.

Vous dénoncez aussi le risque de certains conservateurs industriels...

Les phosphates inorganiques qui sont utilisés comme conservateurs alimentaires pourraient stimuler les cellules cancéreuses, en particulier du poumon. La démonstration a été faite chez des souris. Or on trouve des additifs alimentaires à base de phosphates inorganiques comme le calcium phosphate ou l’acide phosphorique un peu partout, dans les fromages à tartiner, les viandes, les charcuteries, les viennoiseries et les glaces industrielles, les sodas et les sirops de fruits. Dans les années 90, un adepte de la nourriture industrielle avalait à peu près 470 mg par jour de phosphates inorganiques. Aujourd’hui, la quantité ingérée peut atteindre 1 000 mg. En attendant d’autres études, il faut a minima que toute personne traitée pour un cancer du poumon ait connaissance de ce risque pour réduire son exposition

Pourquoi dites-vous que nos gènes sont des « militants anti-malbouffe » ?

L’alimentation industrielle peut activer des gènes qui prédisposent à certains types de cancer. C’est ce qu’ont montré coup sur coup, l’année dernière, deux études. La première portait sur des femmes ayant 80 risques sur 100 de déclarer un cancer du sein parce que affublées des fameux gènes BRCA 1 et BRCA 2. La menace est telle que certaines de ces femmes se font enlever les seins de façon préventive ! Eh bien, avec un régime très riche en fruits et légumes, ce supplément de risque est ramené à 25 %. Le même phénomène a été observé chez des hommes génétiquement prédisposés au cancer inflammatoire de la prostate. En avalant du poisson deux fois par semaine, ils effacent les 500 % de risques supplémentaires que leur promettent leurs gènes. Preuve que vous pouvez, en modifiant votre comportement, faire mentir une malédiction génétique. Vous transportez un baril de poudre, mais c’est vous qui tenez l’allumette dans vos mains.

N’en fait-on pas trop sur l’alimentation ?

Il ne suffit pas de changer le contenu de son assiette. Il faut actionner plusieurs leviers à la fois. Prenez l’activité physique, essentielle pour la santé. Vous en maximisez les effets si vous l’associez à un changement de régime alimentaire. La preuve a été récemment apportée par des chercheurs de l’université de San Diego et de l’université Stanford : des patientes traitées pour un cancer du sein affichaient, au bout de neuf ans, un taux de mortalité divisé par quatre, alors que celles qui se contentaient d’appliquer une seule des deux recommandations n’en tiraient qu’un bénéfice limité.

Sous-estimons-nous la capacité de notre corps à faire face à la maladie ?

Chacun d’entre nous peut pousser ses globules blancs à être plus combatifs. C’est d’autant plus important que certains cancers sont associés à un virus et donc très dépendants de l’état immunitaire. Que ce dernier s’affaiblisse et les tumeurs échappent à son contrôle et se mettent à proliférer. Même la quantité de sommeil peut moduler le risque de cancer. Pendant que vous dormez, votre cerveau sécrète de la mélatonine, or cette hormone agit directement sur les cellules cancéreuses pour en ralentir la croissance.

Quel rôle joue le cerveau dans la prévention et la guérison des maladies ?

Le cerveau est le principal régulateur de nos hormones. Et ces hormones elles-mêmes gouvernent toutes les émotions. Avec « Anti­cancer », les gens ont saisi le rôle du thé vert mais pas le lien entre émotions et maladies. Je veux leur montrer qu’il existe une médecine des émotions qui peut les aider.

Vous expliquez par exemple qu’il ne faut pas combattre le stress mais apprendre à l’apprivoiser ?

Le stress n’est ni bon ni mauvais en soi. Ce qui compte, c’est la manière dont on réagit. On a greffé des tumeurs cancéreuses à des rats et on les a soumis à des chocs répétés qui ont provoqué un stress intense. Les rats stressés mais qui pouvaient, en appuyant sur un petit levier, éviter des chocs supplémentaires ont mieux supporté leurs tumeurs que leurs congénères soumis aux mêmes chocs mais privés de moyens de réaction. Ils affichaient même un taux de mortalité inférieur aux rats qu’on avait laissés tranquilles. Le stress prépare notre organisme aux deux comportements possibles face au danger qui ont permis la survie de l’espèce : le combat ou la fuite. Il peut même stimuler les défenses immunitaires. Mais laisser se développer un sentiment d’impuissance favorise un état qui prive l’organisme de ses moyens de défense, même au plus profond des cellules.

Concrètement, que faut-il faire pour gérer son stress ?

Il est possible de canaliser son stress avec des techniques de respiration telles que la cohérence cardiaque. L’activité physique aussi permet d’éliminer la charge de stress que vous accumulez tout au long de la journée. Subir du stress sans pouvoir relâcher la pression par de l’activité physique revient à appuyer à fond sur l’accélérateur de votre voiture tout en étant au point mort. Cela ne signifie pas se lancer dans un marathon, mais marcher le soir en rentrant chez soi ou prendre le vélo plutôt que le métro. Egalement efficace, la méditation, qui, en prime, stimule le système immunitaire. J’insiste surtout sur le temps passé avec des amis. C’est sans doute la façon la plus importante de réduire l’impact du stress sur notre biologie, et la plus gaie aussi !

Selon vous, l’amitié est un antidote à la maladie, y compris au cancer ?

Une étude australienne a montré comment une situation d’impuissance pouvait favoriser le déclenchement d’un cancer. En étudiant le devenir de femmes victimes d’un stress majeur, les chercheurs ont constaté que celles qui ne pouvaient pas s’appuyer sur leur entourage avaient 9,5 fois plus de risques de déclencher un cancer du sein. Il n’existe aucun médicament aussi puissant que le lien à l’autre. Quand vous séparez des rats de leur mère peu de temps après la naissance, vous multipliez par trois leur risque de cancer, et celui-ci s’avère plus agressif. En prêtant attention à son réseau affectif, on peut à la fois prévenir la maladie et augmenter ses chances de guérison !

lepoint

Christophe Labbé et Olivia Recasens - http://www.lepoint.fr

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