un patch pour

Intrinsa est un patch de testostérone qui stimule la libido chez les femmes. Il est indiqué chez les patientes ayant subi une ablation des ovaires et de l'utérus. A présent disponible dans certains pays sur prescription.

Annoncé depuis belle lurette, il est à présent disponible, uniquement sur prescription médicale et pour l'instant en France et en Allemagne, celui que l'on nomme le "Viagra des femmes".

Intrinsa, dont l'arrivée en Belgique n'est pas pour demain contrairement à la Grande-Bretagne, est en fait son nom. Il inaugure une série d'une vingtaine de médicaments destinés à améliorer dans la vie sexuelle des femmes dont la libido flirtait avec le degré zéro, pour des raisons bien précises. Car il ne s'agit pas ici d'un diffuseur de bonheur aussi anodin qu'il pourrait y paraître. Pour preuve.

1. Indication. Mis au point par la firme Procter & Gamble, ce dispositif transdermique a reçu l'autorisation de mise sur le marché européen pour l'indication de "traitement de libido hypoactive chez les femmes chirurgicalement ménopausées recevant un traitement concomitant aux oestrogènes". Opération lourde, la ménopause chirurgicale consiste en l'ablation de l'utérus (hystérectomie) ainsi que de deux ovaires et des deux trompes (ovariectomie bilatérale). En d'autres termes, le produit est indiqué en association à une oestrogénothérapie dans le traitement de la baisse de désir sexuel chez les femmes qui ont subi une ovariectomie bilatérale et une hystérectomie (ménopause induite chirurgicalement). Il est recommandé jusqu'à l'âge de 60 ans.
2. En ce qui concerne les indications, le chirurgien Pierre Costa, président de l'Association inter-hospitalo universitaire de sexologie insiste sur "la nécessité faite aux prescripteurs de s'en tenir aux strictes indications et de ne pas le donner à toutes les femmes à la libido défaillante. Les troubles du désir féminin ne peuvent être limités aux seules carences hormonales, mais englobent aussi des aspects psychologiques er relationnels".Mode d'action.
   
   Ce patch délivre une dose constante de testostérone, comparable aux concentrations physiologiques normales chez la femme non ménopausée. L'ablation des ovaires va mettre fin à la sécrétion des oestrogènes (hormones féminines) et va entraîner une diminution des androgènes. Cette chute de production de la testostérone, l'"hormone du désir", aura une répercussion immédiate sur la libido. Appliqué deux fois par semaine sous le nombril, ce patch délivre de la testostérone dans tout l'organisme.
3. Efficacité. Testé sur 1100 femmes souffrant de troubles sexuels et issues de différents pays, dont les Etats-Unis, l'Australie et le Canada, l'Intrinsa s'est avéré efficace dès la quatrième semaine, bien que le pic d'efficacité ait été constaté au troisième mois.
4. Effets secondaires. Rares à six mois, les effets secondaires ne sont cependant pas mineurs, même s'ils sont réversibles dès l'arrêt du traitement. Parmi les effets secondaires les plus fréquents, on note une réaction dermatologique (chez 30 pc des patientes) au niveau de la zone d'application du patch (gonflement, démangeaison), de l'acné, une perte de cheveux, une pilosité prononcée, des problèmes d'insomnie, des migraines, une raucité de la voix, des douleurs aux seins, une prise de poids... Quoi qu'il en soit, dans le cadre du plan de gestion des risques, une enquête auprès des prescripteurs sera réalisée au Royaume-Uni afin de surveiller les effets secondaires au cours des six premiers mois de commercialisation. En outre, l'Afssaps, en France, a souhaité mettre en place un suivi national de pharmacovigilance, alors que des études sont en cours pour évaluer les risques cardio-vasculaires à long terme.
5. Contre-indications. Le patch ne doit en aucun cas être prescrit aux femmes présentant des facteurs de risque ou des antécédents de cancer du sein, ainsi qu'aux patientes allergiques à l'un des composants. Il ne pourra pas non plus être utilisé chez les femmes enceintes ou qui allaitent. Un suivi chez le médecin pendant le traitement est indiqué afin d'observer d'éventuels effets indésirables, notamment androgéniques. Le suivi sera intensifié lors de la prise d'anticoagulants. En outre, le bénéfice du traitement devra être évalué dans les trois à six mois suivant son instauration. Si aucun bénéfice significatif n'est observé, l'arrêt du traitement sera envisagé.
6. Prix. Une boîte de 8 patches pour une durée d'un mois est vendue au prix conseillé de 55 €, non remboursés par la Sécurité sociale.

Laurence Dardenne - http://www.lalibre.be