La génétique pour cibler le traitement
Le Professeur François Guillemin, directeur général du Centre Alexis-Vautrin, à Nancy-Brabois.
La génétique est une arme contre le cancer. Au centre Alexis-Vautrin de Brabois, elle est explorée avec beaucoup d’espoir, parce qu’elle permet d’apporter une réponse personnalisée au patient.
La génétique moléculaire pratiquée au Centre Alexis-Vautrin (CAV) de Nancy-Brabois comporte deux volets : l’un est de nature constitutionnelle et concerne les mutations qui prédisposent à certains cancers, comme celui du sein ou les cancers digestifs ; l’autre relève de la génétique tumorale.
«Nous recherchons l’existence de mutations ou de surexpressions de gènes qui provoquent une tumeur. Dans certaines situations, la mutation d’un gène, ou sa non-mutation, peut permettre d’utiliser un traitement ciblé », explique le Pr François Guillemin, directeur général du CAV. Quand un gène non muté est identifié dans la tumeur, on peut, en effet, prescrire un traitement qui luttera contre la néovascularisation de la tumeur. Si le gène a muté, le traitement sera inefficace.
D’où l’intérêt de chercher, et trouver, le gène dans la tumeur. Dans le cas des cancers du sein, les médecins cherchent 15, 20 ou même une trentaine de gênes. En fonction de leurs mutations, on procède à des tests et on peut dire s’ils répondront de manière satisfaisante au traitement élaboré finement.
Inégalités face au dépistage
La détection très en amont des tumeurs reste un enjeu majeur. Les campagnes nationales de dépistage organisé du cancer du sein et du cancer colo-rectal portent leurs fruits. Même si en matière de dépistage du cancer du sein, on pourrait mieux faire.
Le Pr Guillemin constate un taux de réponse des femmes à qui on propose la mammographie de l’ordre de 60 % en Lorraine. «Avec une réponse bien inférieure à la moyenne régionale en Moselle, note-t-il. La cause est multifactorielle : les femmes répondent moins, les médecins incitent moins et les disponibilités des cabinets de radiologie sont moindres. » La démarche de dépistage est souvent vécue comme angoissante par les femmes. Tout est sans doute interdépendant.
En revanche, pour ce qui concerne le cancer colo-rectal, les réponses sont bien supérieures, même si les examens ne sont pas agréables. La campagne télévisée a eu un impact positif. Et puis, «la motivation des praticiens est essentielle. Les gens ont été rapidement convaincus de l’utilité du dépistage précoce, poursuit l’oncologue. D’autant que le dépistage permet ici de détecter des états précancéreux, alors que ce n’est pas la même chose avec le cancer du sein, qu’on ne dépiste que lorsqu’il existe déjà ».
Dans ce domaine, comme dans d’autres, on constate une inégalité sociale, les populations socialement moins favorisées étant moins sensibles aux messages des campagnes d’information sur le dépistage ou aux conseils d’hygiène alimentaire qui sont dispensés. Manger moins de graisses animales, réduire le régime carné, manger cinq à sept fruits et légumes par jour, des céréales, réduire le tabac et l’alcool, toutes ces règles d’hygiène de vie ont moins d’écho chez les populations en situation difficile.
C’est pourquoi le Plan Cancer 2009-2013 prévoit de lutter contre les inégalités d’accès socio-économiques, culturelles et territoriales au dépistage.
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