L’Unité de dépistage de l’Ecole de santé publique des Cliniques Saint-Luc a dû fermer ses portes. Des raisons stratégiques et financières sont évoquées.
En bon citoyen, responsable, soucieux de sa santé et suivant à la lettre les consignes en matière de prévention, MonsieurA., aujourd’hui âgé de 80 ans, se rend depuis une quinzaine d’années à l’Unité de dépistage de l’Ecole de Santé publique dépendant des Cliniques universitaires Saint-Luc à Bruxelles, afin d’y subir un test de dépistage du cancer de la prostate.
Mais voilà, il y a quelques jours, il reçoit du Centre du cancer de l’UCL, une lettre l’informant que "la direction des Cliniques Saint-Luc a pris la décision - pour des raisons financières - de mettre un terme définitif au 30novembre 2008 à l’activité du service de dépistage du cancer (consultations, mammographies) ".
Remerciant vivement le patient de sa fidélité et de la confiance qu’il a témoignée pendant de nombreuses années, les trois médecins cosignataires de la missive invitent Monsieur A.à rester attentif à sa santé et à bénéficier des examens de dépistage chez son médecin traitant, qui pourra mieux le conseiller. En cas de besoin spécifique, on lui précise encore que les services de gynécologie, de gastro-entérologie et d’urologie se tiennent à sa disposition.
Dans un contexte où l’on prône la prévention autant que possible et où se multiplient les campagnes de dépistage, on peut comprendre la réaction de ce patient qui se dit "outré et scandalisé par une telle décision de fermeture pour des raisons financières".
Des raisons stratégiques
Du côté des Cliniques Saint-Luc, où l’on n’a pas diffusé la nouvelle comme on le ferait pour une première mondiale, les informations - peu précises - s’obtiennent de façon plus que laborieuse. Ainsi, la cellule chargée des relations avec la presse s’est-elle contentée de nous brandir des "raisons stratégiques", cette fermeture de service "s’inscrivant dans une politique de prise en charge globale du patient, il semblait plus rationnel et plus efficace d’effectuer les tests de dépistage au sein de chaque unité spécifique".
Président du Centre du cancer des Cliniques universitaires Saint-Luc, le Pr Marc Hamoir nous a apporté quelques éléments d’explication supplémentaires. "Il est évident que le dépistage, qui a toujours eu lieu à Saint-Luc, continuera à se faire, pour tous les types de cancer pour lesquels il se justifie. Si l’Unité du site de Chapelle-aux-champs a fermé, c’est effectivement pour des raisons financières et de rationalisation. Il nous est apparu qu’il n’était peut-être pas utile de dupliquer les structures. Alors que toutes les activités relatives au cancer sont regroupées dans un centre, il semblait judicieux d’y intégrer le dépistage. En outre, mieux vaut que celui-ci soit réalisé par des experts dans le domaine, en l’occurrence dans les services spécialisés."
Il n’en reste pas moins que l’on peut déplorer pareille fermeture. "Il est effectivement regrettable qu’une structure de dépistage dans le cadre de Cliniques universitaires soit amenée à cesser ses activités pour des raisons financières, a pour sa part répondu au patient concerné le Dr Didier Vander Steichel, directeur médical et scientifique de la Fondation belge contre le cancer, cette décision pose clairement la question du financement de la prévention dans notre communauté. [] Et notre Fondation n’a pas les moyens de se substituer aux pouvoirs publics en cette matière."
A ce propos, la prévention relevant de la compétence des communautés, il nous a été répondu au cabinet de la ministre de la Santé en Communauté française, Catherine Fonck, que si les programmes de dépistage sont effectivement financés, il n’en va pas de même pour les infrastructures hospitalières.(La Libre Belgique)
Laurence Dardenne - www.lalibre.be