Cancer colorectal: les personnes les plus à risque ne passent pas de test de dépistage
Environ 60 % des Canadiens de 50 ans à 74 ans auraient tendance à attendre les signes d’un cancer colorectal avant de passer un test de dépistage. Et 56 % n’ont pas passé de test de dépistage du cancer colorectal dans les dernières années. C’est ce que révèle une récente enquête nationale canadienne.
« Notre enquête révèle que la majorité des Canadiens (95 %) sont conscients des avantages du dépistage précoce du cancer colorectal, mais les personnes les plus à risque - soit celles âgées de 50 ans à 74 ans - ne réalisent pas l’importance de subir ces tests-là avant les signes ou les symptômes », souligne Caroline Heick, vice-présidente en gestion du savoir au Partenariat canadien contre le cancer.
« L’enquête nous a aussi permis de constater que les gens ne savaient pas à quel moment il était nécessaire de passer ces tests », ajoute-t-elle.
Les Drs Louis Dionne, cancérologue-chirurgien, et Gilles Pineau, conseiller scientifique à la Société canadienne du cancer division Québec, ne sont pas surpris de ces résultats. « Depuis 2007, la Société canadienne du cancer travaille pour qu’un programme national de dépistage du cancer colorectal soit mis sur pied au Québec. Cependant, il faudra bien communiquer au grand public l’importance de s’habituer à subir ces tests de dépistage avant l’apparition des symptômes, ce qui ne sera pas une mince tâche, avance le Dr Pineau. Lorsqu’on parle de selles, c’est toujours difficile d’aborder le sujet et d’amener les gens à participer à ce dépistage. »
Le Dr Dionne abonde dans le même sens et ajoute que ces données leur confirment qu’il faut continuer à communiquer ce message auprès de la population et des médecins. « Il est impossible que 100 % des gens se fassent dépister pour le cancer colorectal sans un programme de dépistage organisé et structuré. Si on prend le programme de dépistage du cancer du sein qui existe depuis 1998, on atteint seulement 56 % de participation. Alors, il y a toujours beaucoup de travail de sensibilisation à faire pour un dépistage de masse », soutient-il.
Dépister pour mieux prévenir
Au Québec, 5 800 personnes ont reçu un diagnostic de cancer colorectal et 2 600 personnes ont succombé à cette maladie en 2009. « La première raison est que le cancer du côlon ne cesse d’augmenter parce que la population vieillit. C’est devenu la 2e cause de mortalité par cancer, soit 1 femme sur 16 et 1 homme sur 14 », explique le Dr Dionne.
« L’autre facteur important, c’est qu’en faisant ces tests de dépistage, on peut trouver une lésion préexistante ou précancéreuse qu’on appelle “polype”. C’est une petite lésion bénigne; mais si on la laisse croître, elle a des possibilités importantes de se transformer en cancer. Cependant, si on l’enlève avant, il n’y aura pas de cancer », ajoute-t-il.
« Le cancer colorectal - contrairement à bien d’autres cancers - est un cancer qui peut se guérir si on le prend tôt. Et en passant un test de dépistage tous les 2 ans, à partir de l’âge de 50 ans, on met beaucoup de chances de son côté », estime le Dr Pineau. Ce test de dépistage (test de recherche du sang occulte dans les selles) peut se faire à domicile (voir en fin d'article).
Selon les Drs Dionne et Pineau, les personnes sont plus proactives lorsqu’il s’agit de faire prendre leur pression ou de passer des tests sanguins pour le cholestérol. « Lorsqu’il s’agit de tests de dépistage du cancer, il semble que c’est le contraire. C’est un peu la peur de se faire dépister un cancer, comme si en se cachant, le cancer allait passer à côté d’eux. Même si c’est un peu curieux comme réaction, le cancer génère une peur, souvent paralysante, chez les gens », estime le Dr Pineau.
Test de recherche de sang caché dans les selles
C’est le test de base du dépistage du cancer colorectal. Il s’agit de prendre un petit morceau de selle qu’il faut étaler sur un carton. Cet échantillon est remis au médecin ou au laboratoire pour être analysé par un technicien. S’il y a présence de sang, il sera recommandé de passer le test de coloscopie qui consiste à introduire un petit tube dans le gros intestin et une caméra, ce qui permet au médecin de voir s’il y a des polypes. Si c’est le cas, le spécialiste les enlève et les fait vérifier par un pathologiste pour déterminer s’ils sont bénins ou cancéreux.
Passeportsante
Carole Boulé - http://www.passeportsante.net