Le karaté permet de travailler sur soi pour combattre le cancer
L’ex vice-champion du monde Jean-Marc Descotes enseigne le karaté à des personnes malades du cancer. Il participera le 25 septembre à une conférence dans le cadre des 60 ans de la Ligue contre le cancer du Haut-Rhin.
Comment le karaté permet-il de lutter contre le cancer ?
Les études scientifiques montrent que l’activité physique a un impact sur les effets secondaires de la maladie, et sur la survie. Elle permet de faire baisser le taux d’œstrogènes libres, d’insuline, de glycémie… qui sont autant de facteurs de croissance des cellules tumorales. On sait ainsi que le taux de rechute baisse de 25 % chez les personnes actives. Mais il faut une certaine intensité, difficile à évaluer seul ; on recommande par exemple de faire son ménage, mais il faudrait en faire quatorze heures par semaine pour que ce soit efficace !
Le karaté permet ce travail sur soi. Il comporte des notions de combat et d’engagement, il se travaille tout seul ou à deux, ce qui est très important. En dehors du parcours de soins habituel et de l’hôpital, il permet une resocialisation et un échange basé sur la confiance et la sincérité. Chacun doit contrôler ses coups et faire confiance en la capacité de blocage de ses attaques par son partenaire. Enfin, les karatékas sont en tenue, ils sont ainsi mis un peu plus à égalité avec d’autres personnes qui ont connu des épreuves similaires. Ils ne sont pas mis en compétition ou en concurrence avec l’extérieur. On les voit donc se rouvrir aux autres.
Le karaté apporte-t-il davantage que d’autres activités ?
C’est une des rares disciplines qui mobilise les quatre membres. Elle impose de se repérer dans l’espace et de travailler l’équilibre. Tout cela est bénéfique pour les personnes souffrant de problèmes cognitifs ou de mémoire. D’autre part, nous étudions la nature même des gestes, ce qui peut être ensuite utilisé dans la vie quotidienne : par exemple, les femmes qui ont été soignées d’un cancer du sein connaissent souvent le phénomène du « gros bras ». On leur conseillait avant de ne plus l’utiliser, ce qui faisait baisser la taille musculaire du bras et causait des problèmes articulaires. Au karaté, nous étudions la gestuelle pour montrer comment utiliser son bras en plaçant mieux le reste du corps. Et pouvoir ensuite soulever sans douleur son panier de courses, par exemple…
Mais la pratique de ce sport ne comporte-t-elle pas des risques ?
Cela peut être dangereux. Mais notre cours est spécifique, assuré par des enseignants formés aux pathologies cancéreuses, aux risques de fragilités musculaires ou osseuses et aux difficultés cognitives que peuvent causer les métastases ou le traitement. On va d’ailleurs créer un diplôme universitaire pour former des formateurs, qui devrait voir le jour d’ici la fin de l’année à l’université Paris XIII. Notre structure, la Cami (Cancer, arts martiaux et informations) ouvre de nouveaux centres à Gap, Rodez et Paris, mais pas encore en Alsace. La demande est importante : nous avons accueilli 600 personnes depuis 2000.
Le sport peut-il également prévenir la maladie ?
Oui. Pratiquer une activité physique entre 12 et 22 ans fait baisser de 25 % les risques de développer un cancer du sein ou du colon, les plus courants.
Lalsace
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