La pilule contraceptive ne serait pas associée à un risque global de cancer et pourrait même entraîner une réduction du risque allant de 3 à 12 % pour les femmes ayant pris la pilule par rapport à celles ne l’ayant jamais avalée, selon une étude publiée par des chercheurs de l’Université d’Aberdeen (Royaume Uni) dans la revue scientifique, le British Medical Journal (BMJ).
Commentaires de la Fondation contre le Cancer
On savait que les contraceptifs oraux étaient associés à un risque accru de certains cancers et à une réduction du risque pour d’autres, mais il manquait un bilan global. C’est ce qu’a voulu réaliser une équipe de chercheurs de l’Université d’Aberdeen au Royaume Uni.
L’étude a été entamée en 1968 auprès de 46 000 femmes britanniques alors âgées de 29 ans en moyenne, dont environ 23 000 ont pris des contraceptifs oraux pendant moins de quatre ans en moyenne, alors que l’autre groupe de femmes n’en a jamais pris. Les résultats obtenus indiquent que les bénéfices (en terme de cas de cancers) associés à la contraception orale dépassent les risques. La réduction de risque est significative notamment pour les cancers du côlon et du rectum, de l’endomètre (corps de l’utérus) et des ovaires. Pour ces deux derniers types de cancers, le bénéfice se maintiendrait plusieurs années après l’arrêt de la pilule.
Notons cependant que le constat n’est pas le même pour les femmes ayant utilisé des contraceptifs oraux pendant plus de huit ans (soit approximativement un quart des utilisatrices de la pilule contraceptive dans cette étude). Chez elles, le risque de cancer est légèrement accru, notamment pour les cancers du col de l’utérus, du système nerveux central et de l’hypophyse. Une réduction significative du risque est cependant mise en évidence face au cancer de l’ovaire.
Dès lors, même si les résultats globaux de cette étude s’avèrent rassurants pour les femmes qui ont utilisés la pilule pendant moins de 8 ans, la situation semble plus complexe pour les utilisatrices à plus long terme. Rappelons également que les pilules contraceptives qui contiennent des œstrogènes (hormones féminines) ) peuvent augmenter le risque de formation de caillots sanguins. C’est notamment le cas chez les femmes qui fument ou qui souffrent d’hypertension artérielle, raison pour laquelle leur médecin leur conseillera bien souvent un autre mode de contraception.
Par ailleurs, au cours de cette étude, les chercheurs ont pris en compte l’âge, le tabagisme, le nombre d’enfants et le niveau social des participantes. Toutefois, il apparaît clairement que la composition des pilules contraceptives a été largement modifiée ces 15 dernières années, ce qui pourrait avoir un impact différent sur le risque de cancer.
La pilule contraceptive a déjà fait couler beaucoup d’encre dans les revues scientifiques et médicales, depuis son introduction au début des années 1960. Mais de nouvelles études devront encore être menées pour évaluer notamment le risque de cancer associé aux pilules mises sur le marché au cours de la dernière décennie par exemple. Le débat est encore loin d’être clos !
Sources : Belga, 12-09-07 ; De Standaard, 13-09-07 ; Le Soir, 13-09-07 ; De Morgen, 13-09-07 ; Het Nieuwsblad, 13-09-07 ; Vers l’Avenir, 13-09-07
Fondation contre le Cancer - http://www.cancer.be