Voici un article intitulé « StomySkin Study : a study of peristomial skin disorders in patients with permanent stomas » publié dans le Britisch Journal of Nursing en 2006 tirait des conclusions étonnantes. sur les problèmes cutanés autour de la stomie.
L’étude a montré que 45 % des patients interrogés (n = 202) présentaient des problèmes cutanés autour de leur stomie.
Ces irritations pouvaient aller être
- légère (57%)
- modérées (33%)
- grave (10%).
Les problèmes se rencontrent plus fréquemment chez les iléostomisés, suivi par les urostomisés et ensuite les colostomisés. Les causes les plus fréquentes de ces problèmes cutanés sont l’érosion due aux selles et la macération.
- Seulement 1 % des problèmes cutanés sont liés à une allergie.
- 38 % des patients étaient conscients qu’ils avaient des problèmes cutanés.
- 80 % n’ont jamais demandé d’aide à une stomathérapeute et cela même s’il y avaient accès.
Cette étude a été menée en Angleterre. Mais probablement que les résultats d’une telle étude en Belgique pourrait être identique à peu de choses près. Il paraît évident que les colostomisés produisant des sécrétions non irritantes pour la peau ont moins de complications cutanées qu’un urostomisé qui a les urines bien acidifiées ou un iléostomisé qui a des selles acides. La pratique nous montre aussi que les allergies sont rares.
Combien de patients prennent régulièrement un rendez-vous chez leur stomathérapeute ?
Les patients sont-ils conscients que la peau autour de la stomie doit rester saine ?
N’y a t-il pas de fausses croyances qui circulent ?
Parmi les patients, il y en a quand même qui savent qu’il y a un problème mais qui ne consultent pas.
Pourquoi ces patients ne consultent-ils pas ?
Plusieurs hypothèses s’offrent à nous :
- Ils ont peur de retourner à l’hôpital car l’endroit évoque pour eux des souvenirs douloureux.
- Ils ont peur qu’on ne leur change un appareillage avec lequel ils s’étaient bien habitués.
- Ils ont peur du diagnostic qui va être posé et de ses conséquences.
- Ils pensent que de toute façon on ne peut rien y faire - Ils ne savent pas comment retrouver leur stomathérapeute ou la personne qui la remplace.
- Il n’y avait pas de stomathérapeute dans l’hôpital où ils ont été opéré et ils n’en connaissent pas vraiment une.
- Ils n’ont pas l’habitude de consulter une infirmière en cas de problème. Et s’ils consultent un médecin, la solution proposée n’est pas toujours adaptée à la situation particulière des stomies.
Certains patients cumulent probablement plusieurs de ces hypothèses.
D’un autre côté, les stomathérapeutes ne sont pas encore reconnues dans notre pays au niveau des ministères. Cette absence de reconnaissance entraîne une absence de rémunération pour le travail accompli. Ceci n’incite pas le développement de cette profession. Les hôpitaux qui ont une stomathérapeute doivent la payer sur leur fond propre et les facturations autorisées sont très minimes. La plupart des stomathérapeutes offrent donc un service minimum et ne peuvent pas se permettre de programmer des consultations annuelles pour tous les patients Il est donc impossible de programmer une consultation annuelle pour chaque stomisé.
Dès lors quelques conseils peuvent être donnés à nos patients. La peau autour d’une stomie doit être la même qu’ailleurs sur le corps. La peau doit être saine. Si ce n’est plus le cas, il est important de consulter afin de déterminer avec votre stomathérapeute, la cause du problème et y remédier. Pour ceux qui ne connaissent pas de stomathérapeutes, les sites du stoma Ilco Bruxelles - Walonie asbl et de l’AFISCEP peuvent les aider à en trouver une près de chez eux.
Consulter rapidement permet d’éviter bien des ennuis et surtout de garder un confort de vie optimal !
Brigitte Crispin, infirmière stomathérapeute, Cliniques Universitaires Saint-Luc, UCL - Bruxelles
Brigitte Crispin - http://www.saintluc.be