Deux équipes indépendantes, l’une canadienne et l’autre italienne, ont découvert récemment que des cellules souches pourraient être responsables du développement du cancer du côlon. Ces découvertes pourraient modifier profondément notre compréhension des mécanismes de la cancérisation et offrir un nouvel espoir de traitement dans certaines formes de la maladie.
Commentaires de la Fondation contre le Cancer
Jusqu’ici, on pensait que toutes les cellules constituant une tumeur cancéreuse se comportaient plus ou moins de la même façon. Mais depuis peu, un nouveau concept a émergé : celui des cellules souches cancéreuses. De quoi s’agit-il ?
Il semblerait qu’au sein des tumeurs, une petite population de cellules indifférenciées (les fameuses cellules souches cancéreuses) soit responsable du déclenchement et de la croissance de la tumeur. Le rôle de ces cellules particulières est soupçonné depuis plusieurs années, mais c’est la première fois que des chercheurs parviennent à démontrer leur présence dans des tumeurs du côlon (d’autres équipes les avaient déjà mises en évidence dans certaines leucémies).
Les cellules souches pourraient expliquer pourquoi certaines tumeurs résistent aux traitements (chimiothérapie et radiothérapie) ainsi que les rechutes observées chez certains patients. En effet, les cellules souches normales sont mieux armées que les autres cellules pour réparer leur ADN et résister aux agressions. Ceci leur permet de persister dans l’organisme et de régénérer les tissus. Mais ces mêmes propriétés aideraient les cellules souches cancéreuses à résister aux chimio- et radiothérapies. De plus, les cellules souches cancéreuses sont peu différentiées, ce qui les rend difficilement repérables par notre système de défense immunitaire.
Le défi consiste maintenant à trouver comment cibler et détruire les cellules souches cancéreuses. L’un des principaux chercheurs ayant participé à cette découverte compare les tumeurs aux mauvaises herbes. « On peut couper et couper encore les feuilles d’une mauvaise herbe, celle-ci repoussera sans cesse. Mais si on coupe ses racines maîtresses, les feuilles vont se faner d’elles-mêmes ».
Cette découverte est importante à plus d’un titre. Tout d’abord, parce qu’elle concerne le deuxième cancer le plus fréquent dans les pays industrialisés (cancer colorectal). Ensuite, parce qu’elle ouvre de nouvelles pistes de recherche. Reste aux chercheurs à mettre au point de nouvelles molécules capables d’éliminer sélectivement ces cellules souches cancéreuses sans atteindre les cellules normales de l’organisme.
Source : Le Journal du Médecin, 26-01-07
Fondation Contre le Cancer - http://www.cancer.be