Solvay : des maladies professionnelles liées à une exposition au mercure ? News 19-12-06 Les chiffres sont inquiétants : au moins 21 ouvriers de Solvay - Jemeppe ayant travaillé dans les salles d’électrolyse à mercure sont décédés des suites d’un cancer. D’autres, pour la plupart retraités, souffrent de déchaussements dentaires ou d’atteintes rénales graves.
L’entreprise reconnaît que certains ouvriers ont pu être exposés au mercure, mais assure qu’une procédure existait pour veiller à leur santé, notamment en les écartant de leur poste de travail lorsque des dosages urinaires montraient des taux trop élevés.
Commentaires de la Fondation contre le Cancer :
Selon les chiffres collectés par d’anciens ouvriers eux-mêmes, et étayés par le syndicat socialiste, 21 cas de cancers (sur une septantaine de travailleurs) ont été enregistrés ces dernières années chez d’anciens travailleurs de Solvay ayant fait toute leur carrière dans les salles d’électrolyse. Mais ces chiffres sont contestés par l’entreprise qui évoque le passage de 450 personnes par ces cellules à mercure depuis le début des années 60. Ces unités ont été fermées en 1992 et 2001 et remplacées par une autre technologie.
Que sait-on aujourd’hui de la toxicité du mercure ? Celle-ci est connue depuis longtemps : le mercure est un neurotoxique qui s’attaque au système nerveux central. Les premiers symptômes se manifestent par des problèmes de mémoire, des tremblements, des difficultés d’élocution, une salivation excessive, des douleurs abdominales, des vomissements, de l’urémie (accumulation d’urée liée à une insuffisance de la fonction rénale). A long terme ou à des doses élevées, cela peut aller jusqu’à la démence et la mort. La toxicité du mercure n’est donc plus à prouver mais il n’est pas considéré comme un cancérigène.
Alors comment expliquer les cancers découverts chez certains anciens ouvriers de l’usine Solvay ? Il ne faut pas trop vite conclure à un rapport de cause à effet. Par exemple, les informations diffusées dans la presse ne précisent pas le ou les types de cancers constatés chez ces anciens travailleurs exposés au mercure. Rappelons au passage qu’en Belgique, une personne sur 3 aura un cancer au cours de sa vie… Il pourrait être utile de ré-ouvrir tous les dossiers médicaux concernés, de tenter de retracer les expositions aux substances toxiques de ces patients en fonction des types de cancers constatés. Si une fréquence anormale pour un type particulier de cancer ressortait de cette analyse, des recherches ultérieures seraient alors nécessaires.
Tous les ouvriers travaillant actuellement sur le site de Jemeppe et qui ont été, au cours de leur parcours professionnel, en contact avec le mercure sont par ailleurs soumis à des examens complémentaire organisés par la médecine du travail. Selon Solvay, aucune anomalie n’a été constatée à ce jour. Enfin, un numéro gratuit destiné aux anciens travailleurs de l’électrolyse du site Solvay de Jemeppe a été ouvert afin de répondre rapidement à leurs éventuelles questions. Il s’agit du 0800 840 31.
Sources : L’Echo, 09-12-06 ; Vers l’Avenir, 08-12-06 ; Le Soir, 09-12-06 ; La Libre Belgique, 09-12-06 & 11-12-06 ; La Dernière Heure, 09-12-06 ; La Gazette, 09-12-06 ; le Soir magazine, 13-12-06 ; Télé Moustique, 13-12-06.
Fondation Contre le Cancer - http://www.cancer.be/