incontinence urinaire femmes

Six femmes sur dix souffrant d’incontinence urinaire n’en ont jamais parlé à leur médecin traitant

Pr Emmanuel Chartier-Kastler

Le tabou sur l’incontinence urinaire persiste. C’est ce qui ressort de la première enquête menée en France sur la prévalence de l’incontinence urinaire féminine en médecine générale. Cette enquête a été présentée par l’Association Française d’Urologie (AFU) le 16 mars, en avant-première de la semaine de la continence urinaire.

« Le tabou sur l’incontinence urinaire n’est pas levé ! », déplore le Pr Emmanuel Chartier-Kastler, urologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris). « Près de 60% des femmes présentant une incontinence urinaire vues en consultation de médecine générale n’en ont jamais parlé auparavant à leur médecin ». C’est un des résultats de la première enquête menée en France sur la prévalence de l’incontinence urinaire féminine en médecine générale. Présentée par l’Association Française d’Urologie (AFU), cette enquête annonce la semaine de la continence urinaire, qui se tiendra du 22 au 27 mars.

Une enquête fondée sur les médecins généralistes du Réseau Sentinelles L’enquête s’est appuyée sur 241 médecins généralistes du réseau Sentinelles, avec le concours de l’Inserm et de l’InVS. Au total, 2183 patientes de plus de 18 ans ont été vues en consultation le jour de l’enquête, en juin-juillet 2007. Leur âge moyen était de 54 (+/- 20) ans, leur IMC de 25,3 (+/- 5,4) kg/m2 et leur nombre moyen de grossesse de 1,9 (+/- 1,6).

Plus d'un quart des femmes a souffert d'incontinence urinaire Résultats : plus d’une femme sur quatre (27%) a déclaré un épisode d’incontinence urinaire au cours du dernier mois. Les facteurs de risque d’incontinence retrouvés étaient un âge de plus de 50 ans, un IMC élevé (> 25 kg/m2) et la parité (plus d’un accouchement). Ainsi, un âge de plus de 50 ans multiplie le risque par 7,7 et un IMC ≥ 36 kg/m2 le multiplie par 3,8.

Seules 4 femmes sur 10 en ont parlé à leur médecin traitant Surtout, l’enquête révèle que seules 40% des femmes atteintes d’incontinence urinaire en avaient parlé à leur médecin – généralement celles ayant une incontinence sévère et par impériosité. « Autrement dit, six femmes sur dix n’étaient pas prises en charge, privilégiant parfois le port de protections à visée urinaire », observe Emmanuel Chartier-Kastler.

Le médecin généraliste doit penser à interroger ses patientes à risque « Le médecin généraliste doit être sensibilisé à cette pathologie et au tabou qui l’entoure. Il doit penser à interroger ses patientes à risque sur la présence de fuites urinaires. Et s’il sent une réticence de leur part à en parler, il doit les inciter à consulter un urologue ou un gynécologue ». Enfin, les urologues regrettent la formation – initiale et continue – insuffisante des médecins sur cette question. Au total, une heure seulement est consacrée à l’incontinence urinaire durant les programmes d’enseignement du deuxième cycle médical.