Innovations thérapeutiques en 2009 : quel bilan ?
Plusieurs médicaments nouveaux ont été commercialisés et d'autres ont reçu de nouvelles indications en 2009. Selon le Leem, 42 de ces nouveautés ont amélioré le service médical rendu. De son côté, la revue indépendante Prescrire ne salue que les nouvelles indications de deux médicaments déjà existants.
Le Leem (Les entreprises du médicament), qui regroupe les principaux laboratoires pharmaceutiques, vient de publier son "bilan annuel des avancées thérapeutiques 2009" (1). Ce bilan a été établi sur la base des avis rendus par la Commission de la transparence de la Haute Autorité de Santé (HAS) (2). Résultat : 42 améliorations du Service Médical Rendu (ASMR), que ce soit par un nouveau médicament ou une nouvelle utilisation d'un médicament existant.
Cinq de ces ASMR ont été jugées majeures par la HAS (ASMR I), elles concernent des médicaments principalement destinés aux enfants : 1 nouveau médicament destiné à lutter contre une maladie rare, le déficit constitutionnel en fibrinogène (Clottafact ®) et 4 vaccins contre la méningite, dont 1 nouveau (le Mencevax ®) et 3 déjà existants mais désormais utilisables systématiquement chez le nourrisson (Meningitec ®, Menjugatekit ®, Neisvac ®) .
Cinq autres médicaments ont une ASMR jugée "importante" (ASMR II) et concernent cette fois-ci davantage les adultes : 4 nouveaux médicaments, le Vidaza ®, contre les syndromes myélodysplasiques sévères, le Nplate ®, contre le purpura thrombopénique auto-immun, l'Ixiaro ®, vaccin contre l'encéphalite japonaise et le Roactemra ®, indiqué en cas de polyarthrite rhumatoïde modérée à sévère. Le Remicade ® a également obtenu une ASMR II pour sa nouvelle indication dans la maladie de Crohn de l'enfant.

32 autres médicaments ont obtenu un ASM III (progrès modéré) ou IV (progrès minime). Vous pouvez obtenir la liste complète en téléchargeant le dossier de presse du Leem. Le Leem souligne l'importance de ces 42 solutions thérapeutiques nouvelles, après un "tassement en 2008" (31 seulement), solutions qui concernent en particulier les enfants et les adolescents, la vaccination pour des maladies graves (méningite C et encéphalite japonaise), la cancérologie et l'hématologie.
Du côté de la revue Prescrire, financée uniquement par ses lecteurs et donc indépendante des laboratoires pharmaceutiques, l'importance de ces progrès est largement relativisée. Le jury du Palmarès 2009 des médicaments, rendu public le 28 janvier 2010 (3), n'a en effet pas décerné cette année la "Pilule d'or", qui est normalement attribuée aux médicaments qui "constituent un progrès thérapeutique décisif dans un domaine où malades et praticiens étaient totalement démunis". De même, le jury n'a pas inscrit de médicaments cette année au tableau d'honneur, récompense donnée lorsque les médicaments "constituent un progrès net pour certains patients par rapport aux moyens thérapeutiques déjà disponibles, avec certaines limites".
Par contre, 2 médicaments déjà sur le marché ont été "cités au palmarès", car leurs nouvelles indications "ont contribué à améliorer, modestement, les moyens de prise en charge des patients" : le Cancidas ® (ASM III), indiqué en cas d'aspergillose invasive chez les enfants ne pouvant supporter le traitement habituel et la Thalidomide Celgène ® (ASMR II), indiquée en cas de myelome multiple après 65 ans.
La revue Prescrire conclue sur un "déficit en nouveautés apportant un progrès thérapeutique, même modeste", tout en regrettant que de nouveaux médicaments exposent "les patients à des risques injustifiés" d'effets indésirables plus ou moins dangereux. Elle s'inquiète enfin du projet de la Commission européenne d'augmenter la part des firmes pharmaceutiques dans la surveillance de ces effets indésirables, alors qu'elles sont "juges et parties dans cette mission de santé publique". Prescrire plaide au contraire pour une évaluation "plus rigoureuse et plus transparente" des produits de santé et pour une meilleure information des patients sur les dangers des médicaments.
Le bilan de l'année 2009 est donc très positif selon les entreprises du médicament et beaucoup plus mitigé selon Prescrire. Notons que cette année, en période de pandémie grippale, les médicaments ont été particulièrement surveillés depuis plusieurs mois. Un phénomène qui a incité les professionnels à davantage communiquer. Un premier pas vers plus de transparence ?
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Jean-Philippe Rivière - http://news.doctissimo.fr