sarcome tissus mous

Cancérologie. L'institut Bergonié de Bordeaux voit reconnaître par l'Inca son expertise en matière de sarcomes, les cancers des tissus mous

«Un médecin de la région m'a envoyé un prélèvement, persuadé qu'il s'agissait d'une tumeur bénigne. Malheureusement, c'est un sarcome. Il vaut mieux le savoir le plus rapidement possible puisqu'il s'agit d'une petite fille de 7 ans. »

Le professeur Jean-Michel Coindre voit 1 500 à 2 000 tumeurs par an, dont la moitié se révèlent être cancéreuses. Il vient d'être chargé à l'institut Bergonié, où il travaille depuis 1980, de la coordination pour les sarcomes des tissus mous et des viscères.

Cette décision de l'Institut national du cancer (Inca) reconnaît, comme l'a expliqué son président, le professeur Maraninchi, la labellisation de Bergonié comme centre de référence pour les cancers rares de l'adulte.

« Les sarcomes, explique Jean-Michel Coindre, sont des cancers des tissus conjonctifs qui représentent 1 % des cancers de l'adulte. » « Ils touchent autant les tissus de l'oeil que ceux de l'estomac ou du coeur », confirme le professeur Fabien Calvo, directeur de la recherche à l'Inca.

Les sarcomes sont relativement rares : 4 000 cas nouveaux par an en France. Il en existe plus de 50 types et sous-types. Mais les risques d'erreur de diagnostic, dans un sens comme dans un autre, sont très importants.

Appel à projets

D'où l'intérêt d'introduire ce que le professeur Maraninchi appelle « une triple lecture », d'une grande utilité. Le choix de Bergonié ne doit rien au hasard. L'institut, et en particulier l'équipe RCP sarcomes, a déjà beaucoup travaillé. Il a coordonné la mise à jour des référentiels nationaux concernant les sarcomes des tissus mous, d'où a été tiré un référentiel pratique régional pour le réseau de cancérologie d'Aquitaine. Une unité de secours interrégionale a été créée et fonctionne depuis deux ans. « Cette collaboration, avance le professeur Coindre, a pu gérer les cas les plus difficiles et a facilité l'accès des patients au plateau technique des différents partenaires, par exemple aux nouveaux médicaments, à la technique de membre isolé perfusé ou à la curiethérapie. »

Bergonié a néanmoins répondu à l'appel à projets lancé par l'Inca. L'acquisition de ce nouveau label va donc lui assigner de nouvelles tâches : coordination des soins entre centre de référence et les 22 centres de compétence, définition des bonnes pratiques, organisation d'une double lecture anatomopathologique, coordination des projets de recherche, participation à la surveillance épidémiologique, information des patients, des familles et du grand public, formation et information des soignants. Pour ce faire, ce centre de référence disposera d'un budget annuel de 350 000 euros.

Labellisation

Cette labellisation a été accordée « là où il y avait le plus de besoins », reconnaît le professeur Calvo, qui en attend aussi un meilleur classement des sarcomes. Mais qui assure aussi qu'elle est « importante pour la recherche », et espère une meilleure « vision » de ces tumeurs sur le plan national.

Reste que le groupe sarcome de Bergonié est demeuré très actif dans ce domaine. « Sur le plan clinique, explique Jean-Michel Coindre, 25 études étaient ouvertes en 2008, 23 dans le domaine de l'oncologie médicale. »

L'institut a poursuivi le développement de son implication dans le domaine de la recherche fondamentale et translationnelle sur les sarcomes des tissus mous. Et il continue de travailler à l'échelon européen dans le cadre du réseau d'excellence Conticanet (Connective tissue cancers Network).

Jeudi, en tout cas, l'Inca rendait hommage à « l'expertise de Bergonié ».

 

sudouest

Hélène rouquette-Valeins - http://www.sudouest.com