L'obésité augmente le risque de cancer
Une nouvelle étude épidémiologique menée dans 30 pays montre l'augmentation continue du risque en Europe occidentale. Le poids excessif émerge comme premier facteur de risque. Le risque par cinq points d'IMC est triplé pour une Belge et doublé pour un Belge.
Au moins 124.000 nouveaux cancers déclarés en 2008 en Europe ont été causés directement par un excès de poids corporel, selon une nouvelle étude présentée aux 18.000 spécialistes réunis à Berlin pour le congrès de la Société européenne contre le cancer. « À mesure de la proportion croissante de gens qui arrêtent de fumer et des femmes qui stoppent leur thérapie de substitution hormonale (NDLR : en fonction du risque accru, mais réversible, de cancer du sein lié à certaines de ces thérapies), il est vraisemblable que l'obésité devienne la cause majeure de cancer attribuable chez les femmes dès la prochaine décennie », explique le docteur Andrew Renehan, de l'Université de Manchester.
Et cette menace progresse de manière catastrophique : les experts de Manchester ont analysé des données épidémiologiques qui ont montré qu'en 2002 le nombre de cancers attribuables à l'obésité dépassait les 70.000 cas sur les 2,2 millions diagnostiqués dans les 30 pays européens de l'étude. « Le pourcentage de cancers liés à l'obésité varie beaucoup selon les pays. Il est de 2,1 % chez les Danoises pour 8,2 % chez les femmes en république tchèque. »
Les chercheurs ont ensuite extrapolé leur estimation pour 2008 en tenant compte de la diminution de l'emploi des hormones depuis les résultats inquiétants de 2002 et de la généralisation du dépistage du cancer de la prostate par screening du taux de PSA (l'antigène prostatique spécifique qui signale une hyperactivité). Ils ont intégré l'augmentation moyenne de l'index de masse corporelle (IMC), que l'on calcule en divisant le poids par la taille au carré. « La graisse abdominale augmente le risque de cancer dès que l'IMC dépasse 25, explique le professeur, qui souligne que les cancers spécifiques les plus fréquents sont ceux du côlon et du rectum chez l'homme et celui du sein chez les femmes. Deux tiers des cancers liés à l'obésité font partie de ces catégories. »
Or cet IMC moyen est en croissance telle qu'entre 2002 et 2008, le nombre de cancers spécifiques a crû de presque 40 % ! « Nous notons aussi un déséquilibre entre femmes et hommes, puisque ce taux atteint 3,22 % en moyenne pour les hommes et qu'il grimpe à 8,63 % chez les femmes », souligne le spécialiste. Qui réfute l'accusation de catastrophisme : « Chaque fois que nous avons dû faire un choix conceptuel, nous avons été très prudents, ce qui signifie que le nombre de cancers dus à l'excès de poids est sans aucun doute supérieur à cette estimation. »
En Belgique, le risque accru par tranche de cinq points d'IMC est triplé pour une femme et doublé pour un homme, des chiffres légèrement plus réduits que la moyenne européenne.
La cause de cet accroissement du risque ? « Il reste inconnu. Nous avons plus de 12 hypothèses biochimiques qui pourraient expliquer le lien entre surpoids et cancer, explique le spécialiste. Mais aucune n'est définitive. Cela concerne sans doute la résistance à l'insuline et les mécanismes inflammatoires. Ce qui expliquerait la découverte récente que la metformine, le médicament antidiabète le plus courant, ait également une activité anticancer » (Le Soir du 19 septembre). Quant aux solutions, elles restent ténues : « L'éducation à un meilleur style de vie, une bonne information sur une meilleure alimentation, mais aussi des aides médicamenteuses à la diminution de l'absorption de l'énergie. » Mais l'expert cite aussi favorablement les expériences australiennes de taxer négativement les aliments non équilibrés pour doper financièrement une alimentation plus saine.
le soir
FREDERIC SOUMOIS - http://www.lesoir.be