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Des chercheurs ont observé un rétrovirus au sein de plusieurs cancers de la prostate, sans pouvoir dire si le virus est la cause ou la conséquence de la tumeur.

Le cancer de la prostate pourrait-il être lié à un virus ? C'est ce que viennent de suggérer des scientifiques américains, Ila Singh et une équipe de chercheurs du centre médical de l'université de Columbia (New York). Ils publient les résultats d'une étude prouvant que des cancers de la prostate, dits de haut grade (particulièrement agressifs) contiennent l'ADN et les protéines virales d'un rétrovirus connu pour infecter les souris (Pnas, 7 septembre 2009) !

Ce n'est pas la première fois que l'on implique un agent viral dans un cancer humain : les papillomavirus sont à l'origine du cancer du col de l'utérus, le virus de l'hépatite B peut aboutir à un cancer primitif du foie, et le virus d'Epstein-Barr provoque le lymphome de Burkitt (une tumeur de la mâchoire). Chez l'homme, plusieurs études épidémiologiques avaient indiqué depuis l'an 2000 que l'infection et l'inflammation chronique pouvaient jouer un rôle dans le développement du cancer de la prostate.

Trois mécanismes différents

Ce virus appartient à la famille des gamma rétrovirus de souris, connue et utilisée par les chercheurs du monde entier depuis plus de 40 ans, pour leurs propriétés cancérigènes expérimentales chez l'animal. Mais jusqu'à ce jour, aucun gamma rétrovirus n'avait jamais démontré ses capacités de causer un cancer chez l'homme.

Ila Singh et ses collègues ont analysé les prélèvements biopsiques de 233 cas consécutifs de cancers de la prostate ainsi que les prélèvements de 101 patients atteints d'un banal adénome prostatique. Pour ce faire, ils ont utilisé la technique de la PCR qui permet, en multipliant le nombre de copies d'un morceau d'ADN, de le détecter plus facilement.

Résultats : les chercheurs ont détecté la présence de l'ADN du virus dans 14 des 233 cancers de prostate (soit plus de 6 % des cas). Et tout particulièrement dans les formes agressives. Ils ont également recherché la présence des protéines exprimées par ces gènes viraux dans les cellules prostatiques : 23 % des prélèvements contiennent ces protéines. Et surtout, les protéines de XMRV sont «surexprimées» dans les cellules épithéliales malignes de prostate, ce qui permet de suggérer que cette infection rétrovirale pourrait avoir un rôle dans le processus de cancérisation dans certains cas.

Les rétrovirus peuvent provoquer un cancer par trois mécanismes différents :

le premier tient à la présence dans le génome viral d'un oncogène (gène du cancer) qui se multiplie dans la cellule hôte et provoque une transformationtumorale rapide.

Le second est «l'allumage» des gènes de croissance cellulaire de l'homme par un gène viral, et le troisième est l'introduction directe dans les gènes humains d'un morceau d'ADN viral qui va déclencher l'expression d'un oncogène.

Cette recherche pourrait peut-être à l'avenir déboucher sur de nouveaux dépistages de marqueurs cancéreux.

Le figaro

Jean-Michel Bader - http://www.lefigaro.fr