La presse regorge de communications sur le cancer. Le cancer colorectal, souvent appelé cancer du côlon ou de l'intestin, reste pourtant fort méconnu. En termes de fréquence, le cancer colorectal est le second chez la femme (après le cancer du sein) et le troisième chez l'homme (après les cancers du poumon et de la prostate). Le plus important, c’est de le traiter à temps. En effet, une tumeur traitée alors qu'elle est encore superficielle permet une survie à 5 ans proche de 90%. Heureusement, grâce aux résultats des recherches, le traitement du cancer colorectal avancé a progressé à pas de géant au cours de ces dernières années. De nouvelles notions scientifiques et les techniques qui y correspondent nous permettent actuellement de parler d'un traitement individualisé ou encore personnalisé, en bref, d’un traitement sur mesure pour le patient atteint de ce cancer.
En Belgique, on pose chaque année près de 4 111 nouveaux diagnostics de cancer colorectal chez les hommes et 3 408 chez les femmes, ce qui fait du cancer colorectal le deuxième cancer en fréquence chez la femme et le troisième chez l'homme. Des polypes sont à l'origine de cette forme de cancer. "Le risque de polypes, et dès lors de cancers, augmente après 50 ans. Trente pour cent des sexagénaires développent des polypes mais 5% à peine de ceux-ci dégénèrent en tumeurs malignes", souligne le Pr Yves Humblet, des Cliniques Universitaires Saint-Luc.
"Il s'agit donc de détecter et de traiter ces polypes tôt dans leur évolution. En présence de sang dans les selles et/ou de troubles du transit, il importe de contacter au plus vite son généraliste. Une tumeur traitée alors qu'elle est encore superficielle permet d'augmenter spectaculairement les chances de survie", ajoute encore le Pr Humblet.
Ces dernières années, la recherche et le traitement du cancer colorectal font l'objet d'un intérêt tout particulier. "Nous vivons une période passionnante en matière de progrès scientifiques en ce qui concerne la recherche sur ce cancer et sur son traitement. Ces nouvelles notions et ces modèles de traitement nous aident à évoluer progressivement vers un traitement individualisé, un traitement sur mesure, pour une grande partie des patients cancéreux", remarque le Pr Eric Van Cutsem, de l'UZ Leuven.
Une équipe multinationale de chercheurs sous la direction du Pr Eric Van Cutsem a en effet découvert que les patients dont la tumeur possède la forme normale (dite sauvage) du gène K-ras, sont plus sensibles à une chimiothérapie associée à du cétuximab. Le cétuximab est un anticorps ciblé qui bloque le récepteur du facteur de croissance épidermique (EGFR) lequel est présent dans de nombreux types de cancer.
Cet anticorps a été ajouté à la chimiothérapie comme élément à part entière du traitement de première ligne des patients atteints d'un cancer colorectal métastasé dont le gène K-ras n’est pas muté. Il contrôle mieux la croissance de la tumeur. Ceci accroît les chances de réduction des métastases par rapport à la chimiothérapie classique sans cétuximab.
Professeur Van Cutsem: "Le traitement du cancer est une chose ardue, tant pour le médecin que pour le patient. Chaque traitement possède ses avantages (comme la réduction de la tumeur) mais aussi bien des inconvénients (effets secondaires comme des nausées et vomissements, perte de cheveux...). Il est dès lors crucial de pouvoir prédire si un traitement donné aura ou n’aura pas les effets escomptés chez un patient particulier avant de le conduire à travers cette période difficile. D'autre part, il faut savoir que personne n’a avantage à suivre un traitement dont on sait à l'avance qu'il n’aura guère de bénéfices." "C'est pourquoi nous parlons actuellement d'une médecine personnalisée. Elle tient compte du fait que chaque tumeur peut être différente. Toutes les tumeurs, même si leur localisation est identique chez différents patients, ne se traitent pas de la même façon", conclut le Pr Van Cutsem.
Pr Y. Humblet - UCL - Pr E. Van Cutsem - UZ L.