Des études menées sur l’animal suggèrent que les antidépresseurs de la famille des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) sont capables de retarder la croissance des tumeurs colorectales. A l’inverse, les antidépresseurs tricycliques en augmenteraient le risque.
Une équipe de chercheurs canadiens de l’Université Mac Gill a souhaité confirmer ces données avec une étude rétrospective conduite auprès de 10 000 patients atteints d’un cancer colorectal diagnostiqué entre 1981 et 2000, et qui avaient été traités – avant le diagnostic – soit par ISRS, soit par antidépresseurs tricycliques.
Les données obtenues montrent effectivement une diminution du risque chez les patients qui ont pris des doses élevées d’ISRS dans les 5 années qui ont précédé le diagnostic. Ils n’on trouvé par contre aucune relation avec les antidépresseurs tricycliques.
Commentaires de la Fondation contre le Cancer
Selon l’étude canadienne précitée, les antidépresseurs de la famille des sérotoninergiques (Prozac®, Floxyfral®, Deroxat®, Zoloft®, par exemple) retarderaient la croissance des tumeurs du côlon. Il s’agirait même d’une diminution importante puisque le risque de développer un cancer colorectal serait réduit de 30 % parmi les patients qui auraient suivis un tel traitement antidépresseur. De plus, la réduction de risque serait proportionnelle à la durée du traitement et à la dose prise.
Il s’agit donc d’un effet secondaire très positif de cette famille d’antidépresseurs.
Ces médicaments sont connus pour stimuler l’action d’un neuromédiateur : la sérotonine. Or, si davantage de sérotonine dans le cerveau nous rend d’humeur plus joyeuse, cette molécule a des récepteurs ( Les récepteurs sont des protéines capables de reconnaître un message (hormone, facteur de croissance, cytokine, etc.) et de propager un signal en réponse à ce message ) dans d’autres parties du corps, en particulier dans le côlon. A ce niveau, il a été démontré chez l’animal que les antidépresseurs sérotinergiques freinaient la croissance des tumeurs du côlon. L’équipe de chercheurs canadiens vient de montrer qu’il en était de même chez l’homme. Les mécanismes biologiques responsables de cet effet doivent toutefois encore être décryptés.
Les chercheurs ne vont pas jusqu’à recommander la prise de ces médicaments pour prévenir le cancer colorectal. Ils insistent également sur la nécessité de réaliser de nouvelles études afin de prendre en compte d’autres facteurs de risque tels que les prédispositions héréditaires, l’alimentation, le mode de vie et les autres maladies éventuellement associées.
Lancet Oncology, 2006, 7 : 301-308 - http://www.cancer.be/