Cancer, diabète, sida... Va-t-on enfin faire crédit aux personnes présentant un «risque aggravé de santé» ? Jacques Chirac s'y était engagé il y a deux mois, en présentant le bilan du plan cancer, l'un des trois chantiers présidentiels.
La nouvelle convention qui sera signée le 4 juillet au ministère de la Santé semble le confirmer. Baptisé Aeras (s'assurer et emprunter avec un risque aggravé de santé), cet accord entre les professionnels de la banque et de l'assurance et les associations de patients est un grand pas en avant par rapport au dispositif actuel.
En vigueur depuis 2001, la convention Belorgey, pour aider les malades à accéder à des crédits bancaires, était en effet jugée nettement insuffisante par les intéressés.
Mutualisation.
Avec la nouvelle convention, qui doit entrer en application d'ici la fin 2006, le montant des prêts immobiliers est porté à 300 000 € (au lieu de 250 000 €) et toute condition de durée est supprimée. Quant aux crédits à la consommation, leur montant accordé sans questionnaire de santé passe à 15 000 € (soit 50 % d'augmentation). De quoi s'acheter une voiture.
Par ailleurs, le risque invalidité pourra être couvert sous certaines conditions, et un système de mutualisation diminuera les surprimes pour les patients aux revenus les plus modestes. Ces mesures seront reprises dans un texte de loi.
« C'est une super amélioration, mais ses modalités de diffusion sont trop imprécises », s'inquiète Alain-Michel Ceretti, fondateur du Lien (association de lutte, d'information et d'études des infections nosocomiales), signataire de la convention Aeras. Selon ce militant, le succès passe par la qualité de l'information à l'usager. D'où les couacs de la convention Belorgey. «Les malades ne la connaissaient pas.
Quant aux professionnels, ils avaient des instructions pour ne pas en faire la promotion, accuse-t-il. Un jour, j'ai demandé des formulaires dans une banque. On me les a sortis du fond d'un placard, ils n'étaient même pas déballés.»
Numéro vert.
De son côté, la Fédération bancaire française (qui rassemble toutes les banques) affirme qu'un million de brochures de la convention Belorgey ont bien été distribuées, et que l'information sur le nouveau dispositif sera encore renforcée, tant au niveau des signataires de la convention que des pouvoirs publics. Un argument qui ne convainc pas complètement Alain-Michel Ceretti. « Il y aura un site Internet d'information, mais pas de numéro vert unique car il n'y a pas eu consensus sur ce sujet. Cela veut dire que chaque banquier va pouvoir développer son propre numéro vert et diffuser ce qu'il veut », regrette-t-il.
Sandrine CABUT - http://www.liberation.fr