Il augmente les risques d’accident cardiovasculaire, de cancer de l’estomac et d’ostéoporose mais occupe pourtant une place de choix dans notre assiette…
De qui s’agit-il ? Du sel, pardi !
Vous l’aurez compris, mieux vaut y recourir avec parcimonie. Si cette idée n’est pas neuve, ce qui l’est davantage, c’est la décision prise par l’industrie agroalimentaire. Celle-ci s’est, en effet, engagée à réduire au maximum la teneur en sel dans les produits alimentaires. Et ce n’est pas tout ! Les boulangers ont également accepté de remplacer le sel dit classique par du sel iodé.
« Les Belges souffrent d’une carence en iode, explique Jean Nève, professeur à l’Université libre de Bruxelles et président du groupe de travail « alimentation optimale » du Plan national nutrition-santé. Or, celle-ci est loin d’être sans conséquence, en particulier chez les femmes en âge de procréer. »
Une carence en iode s’accompagne d’une insuffisance en hormones thyroïdiennes qui sont importantes dans le développement physique et intellectuel du fœtus.
De manière plus générale, elle peut se traduire par un manque d’énergie, de la fatigue, une diminution de l’appétit, un ralentissement du pouls, une dépression et une fécondité moins importante.
« Jusqu’à présent, on recommandait aux Belges de compenser ce manque en iode par une alimentation riche en produits de la mer et en remplaçant leur sel de cuisine par du sel iodé, poursuit le professeur. Ces recommandations n’ont toutefois pas eu les résultats escomptés, la carence est toujours d’actualité. »
Le problème est encore plus aigu chez les fumeurs, la cigarette freinant considérablement l’absorption de l’iode et en aggrave les déficiences.
« Lorsque les mesures individuelles ne fonctionnent pas, c’est à l’Etat de prendre des mesures globales et efficaces pour l’ensemble de la population. A cette fin, le pain représentait la meilleure option. »
Le pain est un des aliments de base de l’alimentation belge. Si vous êtes sceptiques quant à cette décision, soyez rassurés : le pain « iodé » a le même goût que le pain au sel de cuisine.
« Si cette décision ne doit surtout pas nous empêcher d’utiliser du sel iodé pour cuisiner, il ne faut toutefois pas tomber dans l’excès au niveau de l’industrie alimentaire, conclut Jean Nève. En effet, ce type d’initiative doit dans un premier temps se restreindre au secteur boulanger de manière à ne pas saturer la glande thyroïde avec des quantités trop importantes d’iode. »
ELISE DUBUISSON - Le soir