Seule l’alimentation globale joue un rôle dans la prévention du cancer
Récemment, les communiqués mentionnant une action protectrice des brocolis, du yaourt ou du soja contre le cancer se sont multipliés. La diffusion de ces informations est liée à la publication du rapport de la 100e réunion annuelle de l'Association for Cancer Research américaine.
Des experts en nutrition et prévention du cancer y ont présenté les résultats de leurs recherches. Lorsque ces résultats sont relayés dans la presse, ils semblent assimilés à une révolution scientifique : un seul aliment permettrait ainsi d'éviter l'apparition d'un cancer.
Comme l'explique le docteur Willett de la Harvard School of Public Health (États-Unis), rien n'est moins vrai : " On ne peut tirer de conclusions sur base d'une seule étude. Aujourd'hui, il est surtout évident que le tabagisme et le surpoids constituent des facteurs de mode de vie susceptibles de jouer un rôle dans l'apparition d'un cancer. "
Source : Medscape Medical News, 09-04-09
Commentaire de la Fondation contre le Cancer
La recherche scientifiquement validée progresse lentement et prudemment. Voilà pourquoi les termes tels que 'révolution', 'miracle' ou 'découverte' doivent alerter le sens critique du lecteur, et non le séduire. La même remarque s'applique lorsque les " preuves " avancées sont des cas vécus ou des témoignages, plutôt que des données publiées dans des revues de renommée internationale.
De plus, ces prétendues découvertes doivent être interprétées prudemment et être considérées uniquement comme des indications de liens possibles. Une étude a, par exemple, révélé il y a peu que le yaourt exerçait un rôle protecteur vis-à-vis du cancer de la vessie. Il s'agissait de la première étude de ce genre.
Si l'on veut adopter une approche scientifique correcte, il faut voir dans cette étude le point de départ d'une hypothèse. En d'autres termes, ces premières données doivent être confirmées ou infirmées par de nouvelles études. Les différentes études réalisées sur le sujet sont ensuite rassemblées et c'est à ce moment seulement que l'on peut formuler une conclusion.
Et encore... Les études ont d'ores et déjà montré qu'une seule substance active n'exerce pas à elle seule un effet protecteur, mais que ce dernier résulte de l'action combinée de diverses substances présentes dans l'alimentation. De plus, c'est le principe '1+1=3' qui s'applique ici. Autrement dit, plusieurs substances combinées exercent un effet plus important qu'une substance isolée.
Enfin, il faut tenir compte d'autres facteurs liés au mode de vie : le tabagisme, le surpoids, l'exposition excessive au soleil, certains virus, l'environnement, etc. L'alimentation n'est qu'un facteur parmi d'autres. Appliquées conjointement, toutes ces recommandations axées sur la prévention permettraient néanmoins d'éviter un nombre considérable de nouveaux cancers. Elles méritent donc toute notre attention !
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Fondation contre le cancer