En mars, la ministre de la Santé Laurette Onkelinx lançait un plan national contre le cancer qui comprend 32 actions, pour un montant de 380 millions d'euros en trois ans. Parmi ces actions, le soutien à la « recherche translationnelle », un barbarisme qui désigne le maillon essentiel qui relie recherche fondamentale et soins aux patients. Les 29 projets de recherche sélectionnés aujourd'hui par le jury présidé par le professeur Arsène Burny sont donc nécessairement prometteurs pour déboucher sur une amélioration du traitement des malades. « La progression de la recherche est telle que la manière de soigner les malades du cancer change fondamentalement tous les 5 ans.
Pouvoir transférer les découvertes génétiques ou robotiques les plus pointues directement aux malades actuels est donc le défi que relèvent ces 29 équipes scientifiques, dont plusieurs projets rassemblent plusieurs institutions », explique le professeur Burny. « Ces projets ont tous en commun de tenter d'aller vers une médecine individualisée : quel cocktail de substances absorber, quelle dose, quelle fréquence ? Aujourd'hui encore, trop souvent on tente une approche standard qu'on adapte selon les résultats. On utilise encore trop peu le génotype pour déterminer quelles substances utiliser », explique le professeur Micheline Volders (VUB), membre du jury. Plusieurs pistes sont explorées dans les projets retenus.
Imagerie fonctionnelle.
« Aujourd'hui, un appareil d'imagerie peut distinguer une cellule normale d'une cellule cancéreuse en fonction de son angiogénèse, la manière dont la cellule se nourrit. Elles n'utilisent pas les mêmes chaînons biochimiques, explique Arsène Burny. La cellule normale se différencie, travaille et meurt. La cancéreuse ne se différencie pas, ne travaille pas et ne meurt jamais. Les distinguer grâce à de nouvelles techniques d'imagerie est donc essentiel. »
Séquençage des gènes.
« Depuis 5 ans, on connaît la séquence du génome humain. Un seul élément qui mute sur les trois milliards qui composent le patrimoine humain peut expliquer le déclenchement d'un cancer. Le cibler, c'est déjà le comprendre, donc mieux le combattre. C'est une porte ouverte vers le développement de nouvelles thérapeutiques. Certaines techniques relèvent de la chimie organique, mais aussi des sciences de l'ingénieur, avec la technique des micropuces à ADN, ce qui explique pourquoi financer des équipes pluridisciplinaires est crucial. »
Associer des médicaments.
« Modifier l'environnement génétique des protéines qui entourent la tumeur peut entraîner des effets spectaculaires. Chez l'animal, on a obtenu des disparitions des cellules cancéreuses en deux semaines. Il faut valider cela chez l'humain. Et il faut que les malades aient le courage d'accepter d'entrer dans des programmes expérimentaux. Ce n'est pas être un cobaye, puisque tout ce qu'on tente l'est pour le bien du malade. »
Micro-ARNs.
Ces micromolécules d'acide ribonucléique, qu'on pensait être des produits de dégradation, sont d'extraordinaires signaleurs du cancer. « La plupart du temps, quand la tumeur apparaît aux rayons X, on intervient très tard, trop tard. Les micro-ARNs permettent d'anticiper la lutte contre le mal. »
Vaccination.
« Même si aujourd'hui, on reste en échec d'une vaccination cancer, on doit comprendre pourquoi la réponse immunitaire du corps face à la tumeur est si faible. Ce pourrait être la clef de remèdes globaux. »(Le Soir)
Fréderic Soumois, Le Soir - www.lesoir.be