Certains médias font part de résultats miraculeux grâce à l’utilisation du Dichloroacétate (DCA) dans le traitement du cancer. Bien qu’il n’y ait actuellement aucun médicament autorisé en Belgique à base de Dichloroacétate et que les résultats des études cliniques en cours au Canada ne soient pas encore connus, ce produit semble en vente via Internet ! Attention : danger !
Commentaire de la Fondation contre le Cancer
Le DCA ou Dichloroacétate est une molécule qui a déjà été utilisée dans certaines situations d’urgence médicale pour prévenir ou neutraliser l’accumulation d’acide lactique lors d’hémorragie ou d’hypoxie par exemple. Ce composé intervient en stimulant l’activité de la pyruvate déshydrogénase, c’est-à-dire l’enzyme qui favorise le recyclage de l’acide pyruvique et l’empêche de se transformer en acide lactique. Ce traitement est administré sous strict contrôle médical car il n’est pas dénué d’effets secondaires ; il peut en effet conduire à une neuropathie périphérique (atteinte des nerfs).
Récemment, des chercheurs canadiens ont constaté que le DCA pouvait détruire des cellules cancéreuses cultivées en laboratoire, en induisant l’apoptose (mort cellulaire programmée). Des expériences ont ensuite été effectuées chez des rats auxquels des cellules cancéreuses (issues de tumeurs du cerveau, du poumon et du sein) avaient été implantées. Les résultats se sont avérés intéressants puisqu’une régression tumorale était constatée chez bon nombre d’animaux.
Sur base de ces données prometteuses, un essai clinique a démarré au Canada (Alberta, Edmonton) sous la supervision des Professeurs Peter Venner et Evangelos Michelakis, auprès de patients atteints d’une tumeur cérébrale (gliome). L’étude étant en cours, il va de soi que les résultats ne sont pas encore connus !
Mais attention : ce produit semble déjà être vendu sur Internet (sans aucune garantie de qualité par ailleurs). Nous en déconseillons vivement l’utilisation hors du cadre d’une étude clinique rigoureusement contrôlée.
L’AFMPS (Agence Fédérale des Médicaments et des Produits de Santé) émet les mêmes recommandations et demande en outre aux pharmaciens de ne pas utiliser le DCA pour en faire des préparations magistrales. Outre la neurotoxicité évoquée ci-dessus, l’AFMPS précise également que le DCA peut également provoquer des lésions au niveau du foie et interagir avec d’autres médicaments utilisés pour traiter le cancer. Etant donné que beaucoup de ces médicaments sont eux-mêmes neurotoxiques, ces interactions peuvent être fatales.
Pour conclure, les études visant à tester l’efficacité du DCA chez des patients atteints de cancer ne relèvent pas du charlatanisme … mais n’en sont qu’au début de leurs investigations. Par contre, la vente de DCA via Internet semble bien relever d’un profit commercial basé sur la détresse de personnes confrontées à la maladie.
Sources : Het Laatste Nieuws, 31-10-08 & 03-11-08
Fondation contre le Cancer - www.cancer.be