Une société liégeoise a présenté ce jeudi la première pharmacie en ligne de Belgique, un projet qui surfe sur la vague de l'automédication et qui devrait bénéficier sous peu d'une modification de la législation permettant de vendre sur internet des médicaments ne nécessitant pas de prescription médicale.
Actuellement, les produits disponibles sur newpharma.be relèvent exclusivement de la parapharmacie (produits de beauté, d'hygiène, accessoires, etc).
Mais un arrêté royal, à présent pour avis au Conseil d'Etat, devrait légaliser sous peu la vente en ligne de produits pharmaceutiques à l'exception des médicaments soumis à prescription médicale, comme c'est déjà le cas aux Pays-Bas ou en Allemagne, a indiqué Laurent Detry, le pharmacien à l'origine du projet.
Un médicament commandé avant midi serait ainsi livré à domicile dans les 24 heures, moyennant 5,90 euros de frais de livraison (pas de frais si la commande dépasse les 75 euros). Les porteurs du projet, la sprl Pharma Conseil et la pharmacie liégeoise Discry, établies à Liège à proximité de la firme de livraison DTC dont elles sont partenaires, relèvent que les produits qui seront disponibles sur internet après la publication de l'arrêté royal représentent pas moins de 29 % du chiffre d'affaires d'une pharmacie traditionnelle en Belgique.
La nouvelle pharmacie virtuelle, membre de l'Association pharmaceutique belge (APB), est consciente de la mauvaise image de la vente de médicaments sur le net et cherche avant tout à rassurer les clients potentiels.
"Nous ne sommes pas des discounters du médicament, nous nous focalisons sur la qualité", clame Olivier Mallue, directeur des ventes et co-fondateur de Newpharma.
Il souligne que toutes les notices de médicaments sont consultables par les internautes sur le site avant même l'achat du produit. "Le patient est donc ainsi potentiellement mieux informé", estime-t-il.
Les initiateurs du projet repoussent aussi la critique d'une pharmacie virtuelle qui ne pourrait remplir le rôle de conseiller et d'orientation d'un pharmacien en chair et en os. "Il y a une pharmacie bien réelle derrière le portail, et l'internaute peut s'y adresser pour un conseil pharmaceutique", souligne Laurent Detry.
"Par expérience, on sait que la plupart des pharmaciens ne posent pas de question au patient s'il vient acheter une boîte d'aspirine", évacue Olivier Mallue.
Le site recense 20.000 produits disponibles, soit "dix fois plus de choix que dans une pharmacie indépendante" et garantit la protection de la vie privée, assure Newpharma. Ouvert depuis une quinzaine de jours, il rencontrerait déjà du succès, à tel point que ses créateurs envisagent l'engagement d'une dizaine de personnes, bien que l'essentiel de la manutention en entrepôt soit automatisée.
Selon Newpharma, la loi a mis des garde-fous à la possibilité d'achat de médicaments en trop grandes quantités, en vue par exemple de reventes à l'exportation. Les commandes sur internet sont ainsi réduites à 5 boîtes d'un même produit pour la parapharmacie, trois boîtes pour les médicaments disponibles sans prescription et 2 boîtes pour ces mêmes médicaments soumis à une demande écrite. (RTBF)
RTBF - www.rtbf.be