Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent (24 %) chez l'homme. C'est un cancer particulièrement lent et qui se développe d'abord de manière localisée, sans provoquer de douleurs ou de plaintes spécifiques. Il reste néanmoins la deuxième cause de décès par cancer chez l'homme.
Le risque relatif augmentant beaucoup avec l'âge, les urologues recommandent d'informer les hommes sur son dépistage dès 50 ans et à tout âge si le patient présente des plaintes urinaires (difficulté, fréquence). Le canal de l'urètre passant au cœur de la prostate comme le trognon dans une pomme, c'est souvent ce symptôme qui provoque le dépistage. Il faut néanmoins se garder de confondre ce cancer, qui tue 3 % des hommes de plus de 50 ans, avec l'hypertrophie de la prostate, bénigne, mais qui présente des symptômes voisins.
Une fois le cancer dépisté par une triple méthode, le dosage sanguin d'une enzyme spécifique (PSA), un toucher rectal et une biopsie, plusieurs solutions thérapeutiques s'offrent : l'ablation chirurgicale de la prostate, la radiothérapie externe, mais aussi une irradiation depuis l'intérieur même de la glande, appelée curiethérapie ou brachythérapie.
Cette technique, innovante, mais employée depuis une vingtaine d'années aux Etats-Unis et une dizaine en Europe, consiste à placer, à l'aide d'aiguilles creuses, des implants radioactifs directement dans la prostate afin qu'ils tuent les cellules tumorales. Mais sans atteindre les tissus sains situés à proximité.
Comme un cheval de Troie
« La prostate est en effet entouré de nerfs essentiels pour assurer des fonctions urinaires et sexuelles essentielles, dont la disparition ou la dégradation peut affecter lourdement le patient. La fonction digestive peut aussi être affectée si l'irradiation n'est pas correctement calibrée », explique l'urologue Benoît Hermans. C'est un des risques possibles en cas de radiothérapie externe. « C'est pourquoi, pour certains types de cancer, la brachythérapie, que l'on peut comparer à la technique du cheval de Troie, est intéressante. Elle entraîne une courte hospitalisation d'un ou deux jours, ne provoque pas d'incontinence et aurait une meilleure préservation de la fonction érectile », souligne Benoît Hermans.
Les grains d'iode 125 ou de palladium 103, minuscules (4 mm sur 1 mm) sont introduits sous anesthésie totale à l'aide d'aiguilles qui vont perforer la peau après avoir été calibrées par une sorte de grille, le tout à l'aide d'une sonde… introduite dans le rectum du patient. « C'est le progrès des échographies et des temps de calcul des ordinateurs qui permet de positionner dorénavant les grains avec une telle finesse, en suivant en temps réel la place réelle du grain. »
Mais cette technique innovante est-elle aussi sûre que les techniques chirurgicales ? Deux études belges viennent de le démontrer : à l'hôpital universitaire de Liège, un suivi de 347 patients sur 6 ans a montré une survie des patients (95 % des malades sans métastase, 99 % des patients sans récidive) et un pourcentage d'effets secondaires comparables. Un autre effectué à l'Hôpital de l'Europe à Bruxelles a montré des résultats similaires… et meilleurs que les cohortes nord-américaines.
Attention toutefois : cette technique n'est utilisable qu'aux deux premiers stades (sur quatre) de développement d'une tumeur, qui ne doit pas être sortie de l'organe. En cas de métastases, elle n'est pas indiquée. Elle ne se substitue ni à la chirurgie ni à la radiothérapie externe, mais peut être envisagée selon chaque cas individuel.(Le Soir)
Frédéric Soumois - www.lesoir.be