Les résultats de l'étude CONCORD, publiés dans The Lancet Oncology*, montrent que la France obtient les meilleurs taux de survie des patients 5 ans après un diagnostic de cancer pour les cancers du rectum et du côlon chez la femme. Elle est également très bien placée en ce qui concerne le cancer colorectal chez l'homme (4ème position mondiale et première en Europe), le cancer de la prostate (6ème position mondiale et 3ème en Europe) et du sein (7ème mondiale et 3ème en Europe).
Les taux de survie après cancer diffèrent selon les pays mais on ne disposait pas jusqu'à présent de données fiables pour les comparer. L'étude CONCORD pallie ce manque puisqu'elle est la première à fournir des données comparables sur la survie à 5 ans après cancers du sein, de la prostate et du côlon-rectum (hommes et femmes) dans 31 pays. Coordonnée par le Pr. M. Coleman (Cancer Research UK), elle a réuni plus de 100 scientifiques. Son analyse s'est effectuée à partir des données de 1,9 million d'adultes (15 à 99 ans) recueillies auprès de 101 registres du cancer. Les patients ont été diagnostiqués entre 1990 et 1994, le suivi a porté jusqu'à la fin de l'année 1999. Les données ont été ajustées afin de tenir compte de la différence des taux de mortalité dans la population générale selon les pays, et des âges.
Globalement, les taux de survie à 5 ans les plus importants dans ces 31 pays sont observés en France (cancer du colon et du rectum de la femme), aux Etats-Unis (cancer du sein et de la prostate) et au Japon (cancers du colon et du rectum de l'homme). Ils sont en général meilleurs aux USA qu'en Europe.
Plus précisément, la France occupe la première place pour le cancer colorectal chez la femme (61,5 %), la 4ème chez l'homme pour ce même cancer (55,6 %), la 6ème pour le cancer de la prostate (73,7 %) et la 7ème pour le cancer du sein (79,8 %).
Les auteurs de cette étude ont prévu de la mettre à jour et envisagent de l'étendre à d'autres pays.
Pour le Pr Dominique Maraninchi, Président de l'Institut National du Cancer, les bons chiffres français s'expliquent par la qualité du système de soins et l'égalité d'accès aux soins, quel que soit le type d'établissement (public ou privé), ainsi que par l'amélioration des diagnostics précoces.
Le bon taux de survie après cancer du sein peut en partie être rapproché de la généralisation du dépistage organisé, depuis 2004, qui permet des diagnostics plus précoces. La Suède, pays dans lequel ce dépistage est très performant, obtient le meilleur score pour ce cancer.
Il est encore nécessaire de poursuivre des actions pour continuer à améliorer la situation française. Il est par exemple possible d'aller plus loin dans la prévention, notamment en renforçant la lutte contre les facteurs de risque (tabac, alcool). Il faut aussi combattre les inégalités sociales qui persistent, en matière d'information notamment. Les thérapies ciblées doivent progresser, car elles assurent des traitements mieux adaptés au profil de chaque patient. Il convient enfin de mener à son terme le dispositif des autorisations des établissements de soins pour le traitement du cancer, qui va garantir l'accès de tous à des soins de grande qualité, conclut Dominique Maraninchi.
* Cancer survival in five continents : a worldwide population-based study (CONCORD), Michel P Coleman et al. The Lancet Oncology, Août 2008, DOI:10.1016/S1470-2045(08)70179-7
Institut National du Cancer - www.e-cancer.fr