On en parlait depuis 2004, il devait être mis en place en 2007. Finalement, le dossier médical personnel (DMP) verra officiellement le jour en 2012. D'ici là, des "régions pilotes" testeront le système. Nouveauté par rapport aux projets initiaux: le DMP sera facultatif pour les patients et relèvera "d'un libre choix", loin de tout "flicage" des malades, a affirmé la ministre de la Santé Roselyne Bachelot.
A l'origine, le DMP devait être obligatoire pour tous. Les patients qui n'auraient pas eu recours à ce dossier informatisé, présenté en 2004 comme la pierre angulaire de la réforme de l'assurance maladie de l'ex-ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy, seraient moins bien remboursés par la Sécurité sociale.
Mais le Comité consultatif national d'éthique avait émis des réserves, estimant que le DMP n'intéressait "qu'une partie restreinte de la population". "Le DMP pourrait être proposé aux conditions suivantes: pour des sujets volontaires (ou) atteints de maladies dont l'état nécessite l'intervention de nombreux professionnels sur le long cours (...) avant extension éventuelle à l'échelle nationale mais toujours uniquement aux personnes volontaires", avait ajouté le Comité.
Roselyne Bachelot a pris acte de ces recommandations et affirme que ce service "doit relever d'un libre choix. Je vais donc supprimer les sanctions financières prévues dans la loi de 2004 pour les patients qui n'ouvriraient pas de DMP", a-t-elle précisé lors d'une déplacement à l'hôpital parisien Georges Pompidou.
Ce dossier doit réunir toutes les informations médicales concernant le patient, notamment pour éviter des actes jugés inutiles ou redondants. "Je prends l'exemple des diabétiques, qui sont 2 millions dans notre pays. Ils doivent être suivis par plusieurs professionnels, de différentes disciplines (médecin traitant, cardiologue, ophtalmologue, podologue, infirmière...) : le DMP sera l'outil de liaison entre tous ces intervenants", a déclaré la ministre.
"Le DMP avait été conçu comme un outil économique, destiné à faire des économies. Pour moi, ce n'est pas le but. Le DMP est un outil de qualité des soins. S'il génère des économies, tant mieux, on ne va pas s'en priver, mais il n'est pas construit comme un outil de flicage des assurés et des malades", a déclaré Mme Bachelot.
Sur le calendrier du projet, elle a indiqué qu'en 2009 devrait avoir lieu "le déploiement d'une première version socle du DMP sur tout le territoire". Ce "socle" devrait être "une présentation basique du dossier médical, qui s'enrichira au fur et à mesure, avec les médicaments délivrés (...), les comptes rendus de radiologie, les résultats des analyses de biologie et les comptes rendus hospitaliers". "Une nouvelle version (...) mettra à jour le DMP socle à partir de 2011 ou 2012. Disons 2012 de façon réaliste", a encore dit Mme Bachelot.
Dans un rapport remis le 15 mai à la ministre, la mission Gagneux, mandatée "pour définir un plan de relance" du projet, juge "difficile d'envisager un fonctionnement généralisé et partout efficace du DMP avant une dizaine d'années". (Libération)
M.R (avec source AFP) - www.liberation.fr