D'ici quelques jours, les prix de certains médicaments seront affichés en gros dans les vitrines des pharmacies. Du jamais vu ! Et pour cause, la pratique est interdite par le Conseil de l'Ordre. Sauf que les pharmaciens ont décidé de passer outre : c'est pour eux une façon de riposter à la récente "affaire Leclerc" qui a été autorisé à maintenir sa campagne de pub pour la vente libre de médicaments en grande surface. Par ailleurs, des milliers de pharmaciens, salariés ou étudiants en pharmacie se sont mobilisés mercredi dans plusieurs villes de France contre des projets de la Commission européenne qui pourraient selon eux priver de pharmacies certaines régions, notamment celles peu peuplées.
Les pharmaciens ont décidé de réagir à la récente offensive lancée par le groupe de grande distribution Leclerc. Ce dernier a mené il y a quelques semaines une campagne de publicité pour promouvoir la vente libre de médicaments en grande surface. En réponse, les pharmaciens vont afficher dans quelques jours en vitrine, sur des panneaux publicitaires, les prix de leurs médicaments. Cette pratique est interdite par le Conseil de l'Ordre mais illustre la volonté des pharmaciens de faire bloc dans le bras de fer qui les oppose à Leclerc.
Les 800 officines du réseau PharmaVie et Familyprix vont participer à l'opération en faisant de la publicité dans leurs vitrines par exemple pour un gel douche, un anti-douleur ou un veinotonique. Joseph-Philippe Benwaiche, patron du groupe, est prêt à assumer ses actes. "Afficher les prix, c'est déjà informer le consommateur que dans une pharmacie il ne paye pas plus cher qu'ailleurs", explique-t-il.
"Reprocher à notre profession de se complaire dans ses privilèges, (...) c'est faire la preuve d'une méconnaissance impardonnable de la pharmacie d'officine", estime dans un communiqué Philippe Gaertner, président de la Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France. Les pharmaciens entendent donc riposter aux attaques dont ils sont la cible. "Nous avons aujourd'hui le devoir d'y répondre, fut-ce au prix d'une entorse à la discrétion et à la modération dont les pharmaciens sont coutumiers", ajoute Philippe Gaertner.
Des milliers de pharmaciens, salariés ou étudiants en pharmacie se sont par ailleurs mobilisés mercredi dans plusieurs villes de France contre des projets de la Commission européenne qui pourraient selon eux priver de pharmacies certaines régions, notamment celles peu peuplées. Des "flash mob" où les participants en blouse blanche se sont allongés par terre avec des panneaux conseillant de "tomber malade aujourd'hui", car "demain ce sera peut-être trop tard" ont réuni 12.000 personnes au total, selon la FSPF.
Actuellement, la France, qui compte quelque 23.000 pharmacies réparties jusque dans le moindre chef lieu de canton, interdit qu'un même titulaire puisse posséder plus d'une officine et exige que le propriétaire soit un pharmacien, deux conditions qui empêchent les grands groupes de distribution de pénétrer sur le marché des médicaments.(Europe 1)
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