Discrètement mis en ligne, mercredi 12 décembre, sur le site de l'Institut national du cancer (INCa), l'état des lieux sur "alcool et risque de cancers" recommande une réduction de la consommation d'alcool, même lorsque celle-ci est "modérée". Mettant en cause la faiblesse des politiques actuelles de prévention, ce document a été "peu médiatisé, à la demande des autorités de tutelle", indique-t-on à l'INCa. A l'instar de "fumer tue" ou "fumer provoque le cancer", inscrit sur les paquets de cigarettes, il semblerait logique d'apposer ces messages de prévention sur les bouteilles d'alcool en changeant simplement le verbe fumer par boire. Excessif ?
Fruit d'une expertise collective basée sur l'analyse de l'ensemble des connaissances scientifiques, ce rapport a le mérite de la clarté. Existe-t-il une relation linéaire entre la consommation d'alcool et le risque de cancer ? Oui. Y a-t-il une dose modérée sans effet sur la santé ? Non. Certains types de boissons - comme le vin ou la bière - ont-ils une influence moindre ? Non. Bref, "même modérée", une consommation d'alcool "augmente de manière significative les risques de cancer" des voies aérodigestives supérieures (bouche, pharynx, larynx, oesophage), du foie, du côlon et du sein.
SEUILS COMMUNÉMENT ADMIS
"Une personne qui boit un à deux verres d'alcool tous les jours doit se réinterroger", explique Paule Latino-Martel, coordonnatrice du rapport et du Réseau national alimentation cancer recherche (NACRe). Il faut non seulement "réduire la quantité d'alcool", mais aussi "la fréquence de consommation".
Parce qu'"il n'existe pas de dose sans effet", les seuils communément admis de deux verres par jour pour les femmes et trois pour les hommes, tout comme le message "à consommer avec modération", semblent à revoir. D'autant, rappelle le document, que la consommation de boissons alcoolisées "est la deuxième cause de mortalité par cancer évitable, après le tabac". L'incidence des cancers des VADS en France "est l'une des plus élevée au monde". Actuellement, 12 % des Français âgés de plus de 18 ans déclarent consommer de l'alcool quotidiennement.
Enfin, même l'hypothèse d'un lien entre une consommation modérée de vin et une réduction du risque de maladie cardio-vasculaire est mise à mal par les experts.
Sandrine Blanchard - www.lemonde.fr