Le travail de nuit, qui concernerait 20% des travailleurs des pays développés (Europe, Etats-Unis), vient d’être classé comme « probablement cancérogène » par le Centre international de recherche sur le cancer (IARC/CIRC), la branche « cancer » de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Commentaires de la Fondation contre le Cancer
L’agence spécialisée de l’OMS pour le cancer, basée à Lyon, vient de publier les résultats d’une évaluation des études axées sur le lien entre travail de nuit et cancer dans la revue britannique « The Lancet Oncology ».
Cette analyse indique qu’à long terme le travail de nuit posté, c’est-à-dire avec des alternances irrégulières de périodes de travail jour-nuit, perturbe l’horloge biologique interne. Cette perturbation se traduit par une interruption ou une importante diminution d’une hormone, la mélatonine, laquelle est normalement produite la nuit en l’absence de lumière. Cette suppression de la mélatonine favoriserait le développement des tumeurs et l’altération du rythme veille-sommeil, ce qui pourrait déréguler des gènes impliqués dans le développement des tumeurs.
Une augmentation du risque de cancer du sein a notamment été constatée chez des infirmières de nuit et des hôtesses de l’air. Bien que modeste, cette augmentation semble réelle et corrobore des études réalisées il y a plusieurs années sur des animaux de laboratoire. Cependant, des biais d’interprétation ne peuvent être totalement écartés, comme par exemple l’influence des rayons cosmiques chez le personnel navigant de l’aviation ce (l’exposition au rayonnement naturel produit par le soleil et les étoiles augmente en effet avec l’altitude). De même, une augmentation de risque pourrait également être liée à une meilleure surveillance de la santé chez ces groupes de travailleurs. Une attention particulière devrait également être portée sur l’analyse de l’indice de masse corporelle chez les femmes, lequel semble également favoriser le risque de cancers.
Il n’est donc pas évident d’établir un lien direct entre le travail de nuit et le risque de cancer car celui-ci peut être influencé par bien d’autres facteurs. Des études complémentaires seront donc nécessaires pour examiner ce risque potentiel dans d’autres professions (les chauffeurs de taxis par exemple) et pour d’autres cancers.
Sources : Belga, 30-11-07 ; Het Laatste Nieuws, 01-12-07;Gazet van Antwerpen, 01-12-07; Het Nieuwsblad, 01-12-07; Het Belang van Limburg, 01-12-07;Le Soir, 01-12-07 ; De Standaard, 01-12-07; L’Echo, 04-12-0.
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